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80 km/h : les députés accordent aux présidents de département et aux maires la possibilité de relever la vitesse

L’Assemblée nationale a voté, hier soir, la possibilité d’un assouplissement par les départements et les maires de la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires, mesure impopulaire considérée comme l’un des détonateurs de la crise des Gilets jaunes.
Les députés ont donné leur feu vert par un vote à main levée à l’article du projet de loi mobilités qui prévoit de donner aux présidents de conseils départementaux la capacité de déroger à la limitation entrée en vigueur en juillet 2018, une mesure adoptée en commission. Ils ont élargi la compétence aux maires et présidents d’intercommunalité en séance publique, via un amendement LaREM.

Seulement 900 kilomètres de routes communales concernés
La ministre des Transports, Élisabeth Borne, a toutefois expliqué que seulement « neuf cents kilomètres de routes communales sont concernés par cet abaissement de la vitesse et il s’agit donc d’une bonne chose, qui va dans le sens de la responsabilité que souhaitent les élus. La version issue de la commission prévoit la possibilité de relever la vitesse maximale autorisée : il est donc utile de préciser que ce relèvement pourra être de dix kilomètres-heure et que cette mesure s’applique aux voies interurbaines ».
L’abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h, concernant 400 000 kilomètres de routes secondaires, avait été décidé par le Premier ministre Édouard Philippe. Mi-mai, il avait ouvert la voie à un assouplissement.
Des élus d’opposition – LR en tête – sont à nouveau montés au créneau hier pour dire tout le mal qu’ils pensaient des 80 km/h, une « connerie » et le « symbole d’une France à deux vitesses » qui a été le « détonateur des longues semaines de crise ».
Les élus LR ont déploré que l’assouplissement « oublie les routes nationales », sous autorité de l’État, alors que le Sénat les avait incluses. Pour Vincent Descoeur, élu du Cantal, le « pas de recul » du Premier ministre est ainsi un « trompe l’œil ».
« C’est un marché de dupes », a abondé son collègue du Jura Jean-Marie Sermier (LR), jugeant « pas tolérable » que l’État ne prenne pas « ses responsabilités ». « Arrêtez d’emmerder les Français », a aussi lancé Fabrice Brun (Ardèche).
« Enfin, tant mieux », mais « quelle connerie », a commenté de son côté Bertrand Pancher (Libertés et Territoires), appelant le gouvernement à tenir compte de « cette leçon » et écouter « mieux les territoires ».
« Il s’agit de sauver des vies », a rappelé la ministre des Transports, avec l’appui d’élus LaREM. Elle a noté « qu’au cours du deuxième semestre 2018, ce sont 127 vies qui ont été épargnées grâce à la décision sur les 80 km/h », des chiffres laissant dubitatif côté LR.
« Nous souhaitons faire confiance aux élus », a-t-elle ajouté, mais pour les routes nationales, « les préfets ne dérogent pas aux décisions du Premier ministre ».
La vitesse excessive est la première cause de mortalité sur les routes de France, selon la Sécurité routière. (avec AFP)


© sources : Mairie Info (www.maire-info.com [1]) – 07/06/2019