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Sport-santé 2019-2024 : quels sont les enjeux de la nouvelle stratégie pour les collectivités ?

Roxana Maracineanu et Agnès Buzyn, respectivement ministre des Sports et des Solidarités et de la Santé, ont dévoilé, la semaine dernière, la stratégie nationale « Sport-santé » 2019-2024. Déclinée en quatre axes et rédigée en lien avec les associations nationales d’élus (AMF, Andes), celle-ci a notamment pour ambition de renforcer la pratique d’une activité physique et sportive « à tous les âges de la vie » (enfants à l’école, seniors) et de développer « l’activité physique adaptée (APA) à des fins thérapeutiques ».
À l’heure où le coût social de prise en charge des affections longues durée (ALD), ces maladies chroniques causées notamment par la sédentarité, s’élève à environ 90 milliards d’euros chaque année, prescrire du sport à ces 20 millions de patients potentiels peut en effet « générer une grosse économie », assure, à Maire info, Michaël Dozière, adjoint au Sport et à la Santé à Douai (Nord) et référent à l’AMF sur ces questions.
Problème : trois ans après la reconnaissance du sport sur ordonnance par la loi de modernisation du système de santé du 20 janvier 2016, force est de constater que « ça n’avance pas très vite », se désole Michaël Dozière. L’un des principaux freins au développement du « sport sur ordonnance » étant « l’absence de formation des médecins concernant les bienfaits de l’activité physique et les modalités de la prescription de celle-ci », regrettait, en janvier dans une interview au journal Le Monde, François Carré, professeur en physiologie cardio-vasculaire à l’université Rennes-I et médecin du sport.
Pour « mieux sensibiliser et former l’ensemble des médecins à la prescription d’activité physique adaptée », des « outils en appui à la prescription et à la décision médicale » seront, dès cette année, mis à disposition des médecins, à partir des recommandations de la Haute Autorité de Santé.

« L’État doit assurer l’égalité territoriale »
Malgré les difficultés, une soixantaine de communes – des villes moyennes ou grandes pour la majorité –  ont créé le « Réseau national des villes sport santé sur ordonnance ». À Douai, explique ainsi Michaël Dozière, « un professionnel des APA, appelé coordinateur, reçoit des patients au sein de la Plateforme Santé Douaisis et les oriente, en lien avec les médecins de ville, vers des kinésithérapeutes ou des ergothérapeutes si la personne n’est pas autonome, ou des associations disposant d’un éducateur sportif, si l’état de la personne est en amélioration ». Dans un avenir proche, ces coordinateurs pourraient être réunis dans des Maisons du sport-santé : le gouvernement prévoit d’en déployer 100 d’ici fin 2019 et 500 d’ici 2022 sur l’ensemble du territoire.
Au total, 200 patients – essentiellement de Douai – fréquentent actuellement cette plateforme. Chacun d’entre eux coûte 500 euros par an : une somme financée pour l’heure « à 80 % par les collectivités ». Un ratio que le référent Sport-santé de l’AMF souhaiterait voir évoluer. « Demain, nous devons nous orienter vers un financement partagé, assuré à la fois par l’usager, les collectivités, avec une réflexion à l’échelle du bassin de vie, les complémentaires santé et bien sûr l’État à travers, par exemple, la création d’un forfait de 150 euros versé par la Sécurité sociale aux patients atteints d’une affection longue durée ».
Les communes rurales étant, par ailleurs, les grandes absentes de cette politique, « l’État doit assurer l’égalité territoriale », insiste Michaël Dozière.

Des expérimentations dans les écoles
Pour prévenir les risques de la sédentarité sur la santé, le gouvernement va monter des campagnes de communication et promouvoir le label « Génération 2024 » dans les établissements scolaires. Roxana Maracineanu et Agnès Buzyn confirment aussi « l’expérimentation de classes « confiance sport » (cours le matin et activités physiques et sportives l’après-midi) » dès la rentrée 2019 ainsi que celle, à la même période, du plan « Aisance aquatique » afin « d’optimiser l’apprentissage de la natation » dès 4 ans au lieu de 6 ans aujourd’hui.
Pour Michaël Dozière, qui rencontrera Roxana Maracineanu à ce sujet ce vendredi 5 avril, la mesure est bonne mais « elle soulève des difficultés ». « Les petites communes, qui ne disposent pas toujours d’une piscine municipale, vont devoir débourser de l’argent supplémentaire pour le transport des enfants. Autres problématiques : le nombre insuffisant de lignes d’eaux et de maîtres-nageurs dans les piscines accueillantes ».
Le ministère des Sports rappelle enfin qu’il investit 20 millions d’euros dans la construction et la rénovation d’équipements sportifs en priorité sur les territoires carencés en 2019.

Ludovic Galtier

Télécharger la stratégie nationale du sport santé. [1]


© sources : Mairie Info (www.maire-info.com [2]) – 02/04/2019