Cinq jours apr\u00e8s la remise au gouvernement du rapport Orsenna-Corbin sur les biblioth\u00e8ques (lire Maire info du 21 f\u00e9vrier), qui propose de lancer un \u00ab\u00a0plan national pour les biblioth\u00e8ques\u00a0<\/em>\u00bb et \u00e9value la question de l\u2019extension des horaires d\u2019ouverture,\u00a0Maire info\u00a0<\/em>a interrog\u00e9 Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire de Cahors et pr\u00e9sident de la commission culture et patrimoine de l\u2019AMF. Jean-Marc Vayssouze-Faure attend \u00ab\u00a0un accompagnement de l\u2019\u00c9tat<\/em>\u00a0\u00bb et une d\u00e9marche de \u00ab\u00a0co-construction<\/em>\u00a0\u00bb dans ce dossier.<\/p>\n Quel regard portez-vous sur la mission Orsenna et ses conclusions ?<\/strong> Le rapport insiste sur la mutualisation : aussi bien celle des \u00e9quipements, au niveau des intercommunalit\u00e9s, que celle des services. Qu\u2019en pensez-vous ?<\/strong> Estimez-vous que les \u00e9lus sont suffisamment associ\u00e9s \u00e0 toutes ces r\u00e9flexions ?<\/strong>
\nIl faut d\u2019abord saluer le principe de cette mission et la qualit\u00e9 du travail r\u00e9alis\u00e9 par \u00c9rik Orsenna, qui repose sur de fortes convictions sur le r\u00f4le que peuvent jouer les biblioth\u00e8ques en termes d\u2019ouverture culturelle et de coh\u00e9sion sociale. Sur les orientations propos\u00e9es, l\u2019AMF va d\u00e9battre au sein de sa commission culture et patrimoine, qui se r\u00e9unira le 13 mars prochain. La question de l\u2019extension des horaires d\u2019ouverture sera \u00e9videmment centrale. Il existe aujourd\u2019hui une forte in\u00e9galit\u00e9 entre les \u00e9quipements situ\u00e9s dans les grandes villes et en milieu rural. C\u2019est un enjeu important, mais qui n\u00e9cessitera, pour y rem\u00e9dier, de v\u00e9ritables moyens, vu le contexte de contrainte budg\u00e9taire.
\nHuit millions d\u2019euros ont \u00e9t\u00e9 ajout\u00e9s sur la DGD [dotation globale de d\u00e9veloppement] dans le budget pour 2018, ce que je ne peux que saluer. Mais il faut comparer cela aux quelque 1,7 milliard d\u2019euros d\u00e9pens\u00e9s par les collectivit\u00e9s en 2017 pour les biblioth\u00e8ques. Les collectivit\u00e9s sont le premier investisseur du pays en mati\u00e8re de culture. Si l\u2019on va vers un \u00e9largissement des horaires, ces 8 millions d\u2019euros ne suffiront pas pour recruter le personnel n\u00e9cessaire.
\nJe note toutefois que l\u2019on n\u2019est pas dans une d\u00e9marche de contrainte de la part de l\u2019\u00c9tat. Mais les objectifs qui sont fix\u00e9s par le rapport sont ambitieux. Les \u00e9lus sont pr\u00eats \u00e0 s\u2019engager dans ces mutations, mais ils auront besoin de moyens suppl\u00e9mentaires et d\u2019un v\u00e9ritable accompagnement de l\u2019\u00c9tat \u2013 aussi bien sur la question de horaires que sur celle de l\u2019accessibilit\u00e9.<\/p>\n
\nLa mutualisation, pourquoi pas ? C\u2019est une r\u00e9flexion que les \u00e9lus m\u00e8nent depuis tr\u00e8s longtemps. Y compris la mutualisation des biblioth\u00e8ques avec d\u2019autres services publics \u2013 La Poste, P\u00f4le emploi, etc. Mais il faut absolument que tout cela fasse l\u2019objet d\u2019une expertise et d\u2019une analyse financi\u00e8re. Y compris sur la mutualisation des \u00e9quipements \u00e0 l\u2019\u00e9chelle intercommunale, les r\u00e9sultats, aujourd\u2019hui, sont aussi vari\u00e9s que les intercommunalit\u00e9s elles-m\u00eames, qui sont diverses du point de vue de leur taille, de leurs comp\u00e9tences, de leurs moyens financiers\u2026 Je crois qu\u2019il faut avoir une approche assez souple et ne pas consid\u00e9rer que la mutualisation intercommunale est la solution \u00e0 tout.
\nMais d\u00e9velopper des partenariats, travailler en r\u00e9seau \u2013 pourquoi pas, je le r\u00e9p\u00e8te. Et il ne faudra pas oublier la question essentielle du num\u00e9rique, dans la mesure o\u00f9 tous les \u00e9lus ne pourront pas forc\u00e9ment mettre en place des \u00e9quipements physique.<\/p>\n
\nEn tout cas, nous sommes favorables \u00e0 ce qu\u2019ils le soient ! Et il semble que ce soit \u00e9galement la volont\u00e9 de la ministre de la Culture. Mais s\u2019il doit y avoir concertation, il faut que celle-ci se fasse v\u00e9ritablement en amont, et pas une fois que les dossiers sont boucl\u00e9s. Nous saluons la m\u00e9thode, mais nous serons attentifs au fait que les intentions soient suivies d\u2019effet, c\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019il y ait v\u00e9ritablement une co-construction. Vu l\u2019importance des investissements des collectivit\u00e9s, cela semble indispensable que la d\u00e9marche soit r\u00e9ellement partenariale. Je pense par exemple aux relations avec les Drac [directions r\u00e9gionales des affaires culturelles], qui sont bonnes, mais qui pourraient \u00eatre encore plus approfondies, notamment dans les zones les plus rurales.<\/p>\n