Assemblée Générale 2022 à Draguignan : Discours d’Hubert Falco

ag-2022

Retrouvez le discours prononcé par notre Président, Hubert Falco, lors de l’Assemblée Générale de l’association des Maires du Var le 3 novembre dernier à Draguignan :

Mes chers collègues,

Le dérèglement climatique, l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes, les incendies, les inondations, les tempêtes, la sécheresse, d’une part,

La guerre aux portes de l’Europe, les tensions géopolitiques en Asie, la crise énergétique, le retour de l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat, la menace de récession d’autre part,

L’interdépendance de problèmes distincts, mais dont les effets pervers s’additionnent, conduit à un profond malaise social, politique et économique à travers toute l’Europe, alors que nos sociétés sont encore mal remises de la crise du COVID.

Le Royaume Uni, l’Italie, l’Allemagne pour ne citer que ces pays amis de notre Nation, sont profondément impactés par ces crises.

La France résiste plutôt mieux à l’angoisse et au marasme qui déstabilisent nos voisins.

Cependant, ne nous trompons pas, la situation est très périlleuse chez nous aussi et les défis que nous avons à relever sont immenses. Aucune de nos villes, aucun de nos villages ne sera épargné par ces difficultés et elles nous appellent, nous, les Maires, à la raison et nous rappellent plus que jamais les responsabilités qui sont les nôtres.

Ce monde qui change et qui souffre nous oblige à faire face à des enjeux inédits et à remettre en question notre manière d’être et de faire, notre modèle de développement, nos pratiques, nos usages…

La France doit mettre en place une transition à la fois environnementale, énergétique, numérique, économique et sociale et elle n’a pas le droit de se tromper.

Attendue et souhaitée par nos concitoyens, cette transition doit être consensuelle, juste et équitable pour être acceptée par l’ensemble des Français. Elle doit naitre de l’échange et du dialogue et elle doit concerner l’ensemble de nos territoires.

Cette transition doit être conduite dans un esprit volontariste et positif. Elle ne doit pas être subie, imposée. Elle ne doit pas être technocratique, punitive et dogmatique. Elle ne doit pas être résignée.

Au contraire, elle doit être enthousiaste et porteuse d’espoir. Elle doit être collective, déterminée et responsable !

Garantir une bonne qualité de vie pour nos concitoyens, aujourd’hui et demain, proposer un nouveau mode de vie, certes différent, mais dans lequel les Français doivent se retrouver. Tel est notre défi !

Cette transition, enfin, ne doit pas être synonyme de déclin mais au contraire de développement, un développement vertueux, soucieux de l’avenir, producteur de richesses, respectueux de notre planète.

Oui, mes chers collègues, le respect de notre planète n’a pas de couleur politique et n’appartient pas à quelques-uns.

Cette transition doit répondre à un double enjeu :

Elle doit mettre en place les moyens nécessaires pour ralentir le processus de réchauffement climatique mais elle doit également adapter notre pays aux conséquences d’ores et déjà induites par ce réchauffement climatique.

Ce double enjeu, nous, les Maires, c’est au quotidien que nous devons le conjuguer avec d’autres objectifs : l’anticipation, la prévention, la protection et le développement.

Pour réussir cet immense défi, cette transition doit être participative et impliquer tout le monde : chacun doit jouer son rôle.

Chacun devra, à sa place, apporter sa juste contribution et assumer ses responsabilités.

Nous, les Maires, nous prendrons les nôtres.

– Bien sûr, l’État, dans ses fonctions régaliennes, doit être le guide de cette transition.

En nous donnant les moyens, il doit déterminer les priorités, fixer un cap, des objectifs. Il doit définir, préparer et mettre en œuvre des stratégies nationales, il doit renforcer la prise de conscience de chaque citoyen, tous milieux sociaux et toutes générations confondus.

– Le monde économique, qu’il soit industriel, tertiaire ou rural, doit, lui-aussi, intégrer ces nouvelles données dans ses processus de production,

– Le citoyen, consommateur d’énergie et de ressources, a la charge, dans sa vie, de modifier et adapter ses gestes du quotidien,

– Enfin, les collectivités territoriales, ont un rôle primordial à jouer, dans ce défi collectif. C’est en partie de leur implication que dépendra la réussite ou l’échec de cette transition.

  • Le Conseil Régional, Cher Renaud, en charge, entre autres, de l’aménagement du territoire et des déplacements interurbains,
  • Le Conseil départemental, en charge notamment des SDIS.

Mon cher Jean Louis,

Avec ton expérience professionnelle et ton expérience de maire, sur le terrain, tu connais parfaitement les situations de tensions extrêmes sur les lieux de catastrophes et l’importance de réagir vite et bien.

Aussi, je me réjouis de travailler avec toi, avec les responsabilités qui m’ont été confiées par le Président de la République sur la modernisation de la Sécurité Civile et de la gestion des risques majeurs.

L’objectif est de bâtir une organisation sur le plan national qui prendra mieux en compte les réalités du terrain, en les identifiant plus précisément, en faisant plus de sensibilisation, plus de prévention, en mobilisant et fédérant les acteurs de terrain de façon plus efficace et rationnelle, en simplifiant les règles et les textes si nécessaire.

  • Enfin, les EPCI et les communes que nous représentons, mes chers collègues et qui sont à la fois le premier échelon du constat du dérèglement et le premier rempart sur nos terres contre les catastrophes, pour protéger au mieux nos populations.

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le GIEC (groupement d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui affirme que 50% à 70% des solutions pour lutter contre le réchauffement climatique se jouent à l’échelle locale.

Ces solutions, elles se mettent en place en travaillant, pas avec des slogans. Ce n’est pas une mode, ça ne se résume pas à des effets de manches. Il faut agir et les élus locaux le font au quotidien.

Les Maires et les présidents d’EPCI sont les échelons décisionnels les plus proches des citoyens. Les maires sont en première ligne avec pragmatisme et bon sens, pour protéger leur territoire et l’adapter au défi climatique.

Mes chers collègues :

Qui détermine les PLU, pouvant ainsi lutter contre l’artificialisation des sols ?

Les maires ! Et leurs élus locaux

Qui est en charge de la GEMAPI ?

Les maires ! Et leurs élus locaux

Qui propose des alternatives à la voiture avec les transports en commun, les pistes cyclables et autres incitations au covoiturage ?

Les Maires ! Et leurs élus locaux

Qui passe peu à peu l’éclairage public en led ? Qui installe les prises de recharge électriques ?

Les Maires ! Et leurs élus locaux

Qui végétalise au mieux l’espace public ?

Les Maires ! Et leurs élus locaux

Qui impose des circuits courts dans la préparation des repas de cantine ?

Les Maires ! Et leurs élus locaux

Qui exerce les pouvoirs de Police pour gérer les crises, les inondations, le débroussaillement ?

Les Maires ! Et leurs élus locaux

Qui partage sur le terrain la détresse des gens touchés par une catastrophe ? Qui cherche les premières solutions, qui ouvrent les premiers accueils, qui distribuent les premières bouteilles d’eau, les premières couvertures ?

Les Maires ! Encore les Maires ! Et leurs élus locaux

Ici, dans le Var, qu’on soit maire d’une petite commune ou d’une grande ville, on a tous, un jour, serré dans nos bras une famille qui venait de tout perdre, dans l’eau, dans les flammes, dans un accident de la vie…

Et ce ne sont là que quelques exemples parmi la multitude de décisions que nous avons à prendre, nous, les acteurs du quotidien qui avons une influence directe sur ces enjeux nationaux et internationaux.

Soyez-en persuadés, mes chers collègues.

Nos choix n’impactent pas que nos territoires, les répercussions de nos politiques locales vont bien au-delà.

C’est d’ailleurs parce qu’il est convaincu du pragmatisme et de l’efficacité concrète des maires que le Président de la République a choisi de confier à un maire le chantier de la modernisation de la Sécurité Civile face aux changements très profonds qui bouleversent notre planète, face à la multiplication des risques qui en découlent.

C’est un grand honneur qu’il me fait en me confiant cette mission mais c’est aussi un bel hommage au Var, à nos pompiers et aux nombreux bénévoles engagés dans la protection civile.

C’est un hommage à vous tous, mes chers collègues, vous qui êtes les premiers concernés par la sécurité des populations dans vos communes.

Mes chers collègues,

Le Président, lors de la cérémonie en hommage aux combattants du feu, a réaffirmé la nécessité de mettre en place une stratégie nouvelle.

Il a également fortement insisté sur la nécessité de simplifier l’organisation et les dispositifs existants, les comparant à un véritable maquis de dispositions et d’organismes dont la complexité est souvent source de contraintes et de frein à l’efficacité.

Nous le confirmons, nous, les Maires, pour y être confrontés au quotidien. Il est incontestable qu’un effort de simplification s’impose !

Ce sont là, autant d’enjeux sur lesquelles il nous faut réfléchir, dialoguer et toutes vos contributions seront les bienvenues.

Je souhaite, en effet, que nos communes, notre département du Var et notre région Sud, deviennent territoire Pilote en ce domaine.

D’une part, le Var est l’un des départements les plus concernés de France pour ce qui concerne les risques majeurs,

D’autre part, nous disposons du potentiel, de l’histoire, de l’expérience, de l’expertise et des hommes pour être naturellement force de proposition.

Le Champ est vaste et je souhaite dès à présent ouvrir quelques pistes de réflexion :

  • Je pense à une approche à la fois plus globale et plus intégrée de la sécurité civile.

À la possible déconcentration de moyens nationaux vers l’échelon régional notamment en matière d’observatoire Météo des risques, de formation et d’information, d’ingénierie, de recherche et développement, de redéploiement de moyens …

  • Je pense également à un développement de la « Culture du risque », se traduisant par une formation systématique des élus au début de leur mandat, mais aussi à un enseignement et à une sensibilisation des enfants à l’école dès leur plus jeune âge.
  • En termes de mutualisation, des partenariats doivent être davantage développés avec le secteur privé, les entreprises et le monde agricole.
  • Les progrès du numérique permettent d’imaginer nombre de solutions efficaces dans ce domaine.
  • Je souhaite aussi que l’on apporte des réponses concrètes à la solitude des maires confrontés aux crises. Cette solitude, aujourd’hui elle existe et elle est inacceptable !

Avant, pendant et après les catastrophes, les maires doivent être davantage accompagnés.

Je pense notamment au renforcement du couple Préfet /maire surtout pour les petites communes.

Je pense à un outil d’ingénierie pour les aider à élaborer et à réviser leur plan de sauvegarde, à un référentiel de gestion des crises et à une cellule d’appui et d’assistance lorsqu’ils sont confrontés à une catastrophe.

  • Sur le plan juridique, dans le domaine particulièrement sensible des risques majeurs, il faut mettre fin aux injonctions contradictoires et faire en sorte que les mesures prises par les maires pour prévenir les risques ne soient plus contrariées par des considérations fantasques.

OUI, la forêt a besoin de travaux forestier pour exister,

OUI, les cours d’eau doivent être aménagés pour supporter les crues, même au risque de contrarier la reproduction des anguilles !

C’est la raison pour laquelle je milite pour la reconnaissance du « principe de réalité territoriale », principe qui devrait être le pendant du principe de précaution dans une République décentralisée.

Pour agir dans l’intérêt général, il faut davantage tenir compte de la spécificité de nos territoires, et non pas interdire de façon dogmatique, pour des intérêts catégoriels parfois dérisoires.

Voilà mes chers collègues quelques réflexions sur lesquelles nous aurons l’occasion d’échanger et de réfléchir ensemble.

L’Etat doit définir pour nous les orientations stratégiques nationales mais il doit également nous apporter un appui technique et financier pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi de nos plans d’action et des mesures associées.

Il doit également nous associer à la préparation et à la mise en œuvre des stratégies nationales.

Il doit revisiter le cadre législatif qui appuie notre action locale en matière d’énergie et de climat.

Je sais que le gouvernement s’inscrit dans cet esprit, et la Loi 3DS en est une belle illustration, mais il faut être audacieux, il faut faire confiance aux 36 000 maires de France que nous sommes, à notre bon sens, à notre expérience, à notre engagement au service de nos territoire.

Nous avons d’ores et déjà, depuis des années, mis en place nombre d’actions pour préparer cette importante transition, dans le souci permanent d’une préservation de notre qualité de vie, de notre cohésion sociale, de notre patrimoine naturel, de notre biodiversité, de notre agriculture, de nos ressources, de nos emplois, de notre activité économique, de notre culture et de notre art de vivre.

Porter ensemble cette même ambition, c’est permettre de réconcilier l’environnement, l’économie, le social, le culturel, la ville et la campagne au sein d’une gouvernance mieux partagée au service de l’avenir.

Et c’est l’ambition que nous avons au sein de l’association des maires du Var en développant chaque fois que c’est possible les échanges, la mutualisation et les réciprocités entre nous.

Mes chers amis, vous le savez bien, le Var dans son histoire, chaque fois qu’il s’est uni, a réussi à surmonter les difficultés ! Nous avons toujours su privilégier l’intérêt général à nos différences. Chacune étant respectable.

Nous avons tous les atouts pour réussir : notre situation stratégique, notre potentiel, notre patrimoine naturel, le dynamisme de nos acteurs économiques, la proximité d’un territoire à taille humaine, nos savoir-faire, l’amour de nos territoires.

Aujourd’hui dans un contexte particulièrement difficile, entendons-nous sur les priorités qui doivent être conduites ensemble pour permettre à notre territoire de relever les défis de demain.

Oui, mes chers collègues, entendons-nous, nous en sommes capables, j’en suis persuadé, car notre amour du Var est plus fort que tout.

Nous aimons cette terre, qu’elle soit notre terre de naissance ou notre terre d’accueil, nous l’aimons parce qu’elle est généreuse, parce qu’elle est noble, parce qu’elle est magnifique. Du Verdon à la Méditerranée, de l’Est à l’Ouest, chaque commune avec son identité et sa spécificité fait du Var le plus beau département de France.

Communiquons aussi davantage sur ce que nous entreprenons au service de la transition et dans un souci permanent de qualité de vie de nos concitoyens.

  • Fédérons nos forces vives et nos territoires.
  • Mutualisons nos moyens en renforçant nos réseaux et le mode collaboratif entre collectivités.
  • Renforçons nos moyens d’observation et de prospective
  • Évaluons de façon plus systématique l’impact de nos actions et de nos politiques publiques sur le bien-être de nos concitoyens.

Ainsi face aux difficultés qui s’annoncent, face aux grands défis d’avenir qui se font jour, ensemble, nous continuerons à faire gagner nos territoires.

Ensemble oui, avec cet esprit collectif, cet esprit de résilience, périmètre pilote, je vous l’assure, nous allons en surprendre beaucoup.

Hubert Falco