La communication de crise et les relations presse au programme de la matinée de formation du 28 Mai à Flassans

Besoin de médiatisation

L’AMV a demandé à M. André FOURNON, secrétaire général de la rédaction du Groupe Var-Matin Nice Matin, d’entretenir les élus sur les relations du maire et de la municipalité avec la presse locale. 

Première approche : le besoin de médiatisation des communes. Pour André FOURNON, “Cette médiatisation se fait à deux niveaux : la communication institutionnelle pour tout ce qui concerne le fonctionnement des services ou les actions destinées aux administrés ou l’information politique pour tout ce qui concerne les décisions prises et justifiées par les élus.”
Il faut dire que souvent, les deux se confondent, notamment à travers les comptes-rendus des conseils municipaux où une large part est laissée à l’information service, l’autre au débat politique voire idéologique. Par principe et par fonction, le journaliste fait la différence entre les deux niveaux d’information. Il est parfois plus difficile de le faire admettre aux élus ou aux fonctionnaires territoriaux. C’est souvent l’occasion de débats ou discussions fort intéressants
Par ailleurs, l’achat d’espaces publicitaires est la solution trouvée par de nombreuses communes pour communiquer sur certains événements. On constate également le nombre croissant de partenariats entre journaux et institutions pour médiatiser efficacement certains grands rendez-vous cultuel, festifs ou associatifs. 

Deuxième approche : entretenir sa relation avec la presse.
Selon M. FOURNON : “Communiquer à l’occasion de rendez-vous fixes et occasionnels est essentiel pour une institution et nourrir l’agenda d’une agence locale de presse doit faire partie du travail des élus. On peut ainsi s’assurer d’une couverture régulière des événements municipaux qu’ils soient politiques, sociaux, culturels, associatifs, sportifs, etc. Pour cela, il est nécessaire de transmettre aux journaux, avec suffisamment d’avance, le calendrier des événements. En fonction de l’écho que l’on souhaite leur donner on pourra choisir entre le simple communiqué de presse ou la conférence de presse avec interview.”

Une commune et un journal, c’est pas simple

Dans la salle, les mains se lèvent : les chargés de communication de Cuers, La Croix Valmer, Besse-sur-Issole, Villecroze, ou encore le Maire d’Evenos ont tour à tour déploré l’absence de correspondant de Var-Matin au conseil municipal, l’absence de neutralité ou le manque d’objectivité de certains professionnels. “Précisément, a rappelé André Fournon, les correspondants de presse ne sont pas tous des journalistes professionnels. Leur recrutement n’est pas facile. On en cherche toujours. Mais je prends note de vos remarques et les ferai remonter à la direction”.

Troisième approche : l’intérêt des dossiers et des communiqués de presse.
Des documents “essentiels” pour A. Fournon. “Par principe et pour faciliter sa compréhension et sa diffusion, un communiqué de presse doit être court et précis. Il s’agit d’une note synthétique que l’on peut enrichir de notes annexes si l’on souhaite apporter des informations complémentaires. Il est inutile d’écrire les communiqués de presse dans le style journalistique. Les journalistes sont là pour ça. Evitez les énormes dossiers surchargés où les bonnes informations finissent par disparaître sous leur propre volume.”

Quatrième approche : La protection des sources est constitutive de l’activité du journaliste. Il se doit également de protéger la vie privée des personnes dont il est amené à parler dans ses articles, il doit en revanche citer ses sources lorsqu’il reproduit une partie d’article rédigé par un confrère.
Toujours selon M. FOURNON, “Le droit de réponse doit être l’ultime recours lorsqu’on estime ne pas avoir été traité comme on le souhaitait par un média. Le droit de réponse obéit à des règles très précises aussi bien sur la forme que sur le fond et une grande partie des droits de réponse transmis aux journaux reviennent à leur auteur avec refus de publication car les règles édictées n’ont pas été respectées. Bien souvent, les demandes de droits de réponse pourraient être remplacées par de simples demande de précisions à publier. C’est plus simple, plus rapide, et si l’on souhaite conserver de bonnes relations avec le média de proximité et plus particulièrement ses représentants locaux, la précision à publier reste la solution la meilleure. Ceci dit, nous avons connu des cas pour lesquels le droit de réponse demandé était parfaitement justifié.”

Pour information :

Le groupe Nice-matin (Nice-matin, Var-matin, Corse-matin) appartient au groupe Hersant Médias. Il emploie au total 623 personnes (31/12/2009) dont 308 journalistes.

– Dominique Bernard,président directeur général
– Frédéric Touraille, directeur général délégué
– Olivier Biscaye, directeur des rédactions
Le groupe diffuse quotidiennement en moyenne 230.000 exemplaires (Nice-matin 110.000 ex, Var-matin 75.000 ex, Corse-matin 45.000 ex)

Var-matin : 
La rédaction varoise compte 103 journalistes.
– Philippe Courtois est directeur départemental. Il a deux adjoints, Philippe Holste et Philippe Bersia.
– 7 agences locales (Toulon agence locale + siège départemental, La Seyne, Hyères, Brignoles, Saint-Tropez, Draguignan, Saint-Raphaël)
– 150 correspondants locaux varois

 

Communication des collectivités face à une crise : Le maire en première ligne

A 11 heures, les maires ont écouté Jean-Yves ESTRADE, conseiller en communication et ancien directeur de la communication du Conseil Général du Var, qui les a entretenus d’un sujet particulièrement sensible : la communication des communes en période de crise.
Qu’il s’agisse d’un fait divers, d’une rumeur, d’une catastrophe naturelle ou d’un mouvement de grève, la crise, chaque crise appelle une gestion – un traitement curatif en somme – et son pendant naturel, la communication de crise.
Vaste sujet que celui ci. Et les exemples les plus connus ont vite fait de venir hanter les mémoires : la marée noire de l’amoco Cadiz, le naufrage de l’ Erika, la tempête de 1999, l’explosion de l’usine AZF à Toulouse , la vache folle, le sang contaminé , ou plus près dans le temps la fameuse grippe A imputée à ce pauvre cochon mexicain, la tempête Xyntia, le volcan islandais.
Dans notre département on peut rappeler les crises consécutives aux incendies de forêt, les tempêtes et les inondations qui affectent régulièrement notre littoral, ou encore comme une plaie encore béante dans notre mémoire , la rupture du barrage de Malapaset en décembre 1959 et ses 423 victimes….

C’est aujourd’hui une évidence la gestion et la communiction de crise ne vont pas l’une sans l’autre et mieux encore, la communication doit être au coeur de la gestion de crise. Faire savoir aux publics cibles que les effets de la crise sont pris en compte, que la situation est contrôlée, qu’il y a « un pilote dans l’avion », est l’un des fondamentaux de la gestion de crise.

Selon Jean-Yves ESTRADE, “On n’est pas en temps de crise dans la communication pour le plaisir de la communication , mais dans la nécessite absolue d’informer. Parce que les décideurs traditionnels élus, patron, hauts fonctionnaires ne sont plus souverains en temps de crise. Ils n’ont pas le choix. Par les interrogations qu’elle soulève immédiatement, c ‘est la crise qui appelle l’information!”
En effet : qui, quand , quoi, où, comment , pourquoi l’évènement sucite la curiosité. Que s’est il passé? Y a -t-il des victimes? quels sont les dégâts? Est ce un accident ou un acte de malveillance, une catastrophe naturelle, une erreur humaine? Qui sont les responsables ? Qui dit événement dit information et communication. Et qui dit information dit professionnels de l’ information autrement dit Journalistes. Les principaux relais de l’ information qui ont un rôle capital dans la crise . Ils peuvent être associés à sa gestion (communiqués, informations services, appels à la population) mais ils ont surtout un rôle complet d’informateur, d’enquêteur , d’investigateur libres et indépendants et la communication de crise consiste à en faire des cibles privilégiées.

Stratégie de défense

Mais l’information, vérifiée ou pas, est aussi colportée par le bouche à oreille et les nouveaux outils de monsieur Tout le monde : le téléphone mobile appareil photo caméra couteau suisse dont le contenu peut se retrouver sur Internet en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et ce,  à la vitesse haut débit. A la même vitesse que peut se répandre la terrible rumeur, la sorcière de l’ info après laquelle la vérité n’aura de cesse de courir pour l’anéantir avec le peu de succès que l’on sait .

Alors il existe plusieurs stratégies de défense face à la crise

1/ Garder le silence , pratiquer la politique de l’autruche. La solution la plus simple. Tenable si la crise est peu importante , si elle n’ a guère d’écho, mieux encore si elle est chassée du terrain médiatique par une autre crise plus importante, plus grave , plus spectaculaire, survenant à point nommé. Mais attention ne rien dire c’est risquer de s’exposer à l’investigation d’un journaliste lui dira tout. Et alors attention au retour de bâton et aux soupçons de faiblesse , de dissimulation, de fuite des responsabilités.

2/ Autre stratégie de défense : le déni continu ou le refus catégorique de toute implication dans la crise, à priori et par principe, sans en connaitre tous les tenants et aboutissants. C’est refuser ouvertement toute responsabilité et c’est même parfois rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Là encore les conséquences peuvent être terribles en terme d’image si le dénouement de la crise vient au contraire à accuser ceux qui se défendaient trop vite de toute implication.

3/ Enfin troisième stratégie, consistant à jouer la carte de la transparence en collaboration étroite avec les journalistes, les enquêteurs , les organismes de contrôle. La précaution, la discrétion, la prudence et la sagesse conduisent à une diffusion d’information mesurée , maitrisée à partir des faits reconnus et uniquement des faits. Sans interprétation ni divagation, on peut émettre quelque hypothèses mais se garder de théories trop appuyées au risque qu’elles soient contredites plus tard. Il convient enfin de ne pas s’imposer comme l’unique source d’information tout en faisant en sorte que les différents intervenants, dépositaires d’informations, délivrent des messages complémentaires peut être mais surtout cohérents.

Qui informer et aux moyens de quels outils ?

L’important est d’occuper le terrain médiatique. On reconnait les problèmes posés. On montre que l’on ne subit pas le déroulement de la crie mais que celle ci et bel et bien prise en charge. On informe le plus souvent possible les publics cibles au fur et à mesure de faits nouveaux. On s’inquiète des Compte rendus des médias , pour éventuellement rectifier le tir, corriger une erreur ou une mauvaise interprétation… On favorise le meilleur accès aux médias (PC de Presse, mise en place de lignes téléphoniques, accompagnement sur les lieux de l’évènement éventuellement…On prépare le contenu et la présentation des interventions …)

Pour informer, conseiller, orienter, rassurer tous les témoins de la situation de crise ou les publics qu’elle concerne , interne ou externes à la commune par exemple, plusieurs outils de communication doivent être disponibles.

Mais d”abord, les publics cibles , qui sont ils? : les journalistes on vient de le voir mais aussi dans une commune, les administrés , le personnel communal, les autres collectivités, la Préfecture, les autres acteurs de la crise (pompiers,gendarmes, policiers, Procureur, juges…)
Les outils au service de la communication de crise ? On utilise comme relais ceux de la presse télé, radio, presse écrite mais également ceux dont dispose la commune, site internet, radio locale, flash infos, magazine, voire même SMS aux habitants sans oublier le bon vieux véhicule sonorisé en prise directe avec la population.

La crise passée, il faudra en tirer les enseignements, pour éviter que les mêmes causes reproduisent les mêmes effets et qu’en terme d’image et de dynamique toutes les « victimes » retrouvent de la confiance en soi et la volonté reconstruire ou de se reconstruire.

Ce sont ces retours d’expérience qui ont imposé de nouvelles évidences : si l’imprévu par définition ne se prévoit pas , il s’anticipe. Car le secret d’une communication de crise efficace à l’instar d’une bonne gestion de crise c’est la préparation au pire.

Pour cela il est fondamental de créer en amont de l’évènement une cellule de crise communale , présidée par le maire, au sein de laquelle figurera une équipe de communication de crise.
A cette cellule de crise de tout mettre en œuvre pour inventorier (et donc imaginer) tous les risques potentiels de crise sur la commune

On l’aura compris : rassembler toutes les informations utiles sur ces risques (usine, école, foret, cours d’eau), c’est bâtir des scénarios de crise, des simulations de catastrophe. La cellule communication accompagne ces étapes, désigne et forme les porte paroles au média training); dresse la liste les médias à informer en priorité, rencontre les journalistes amenés à traiter la crise , rédige des modèles de communiqués , se prépare à l’exercice de l’interview, gère les outils locaux de communication, s’assure de leur efficience à tout moment, renforce la communication interne. 


Malgré la douleur de la crise , une collectivité comme une commune ne voit pas en plus des éventuelles victimes, des dégâts, son image et sa notoriété totalement mises à mal.

Il faudra donc s’imposer de tirer quand même le meilleur du pire.