Par Franck Lemarc
Après cinq jours d’offensive, les troupes russes n’ont toujours pas réussi à faire tomber les principales villes ukrainiennes, dont la capitale, Kiev. La guerre éclair voulue par le président russe Vladimir Poutine s’est heurtée à une résistance manifestement imprévue, et nul ne sait combien de temps ce conflit va durer, quelle extension il va connaître – la Biélorussie annonce ce matin engager ses troupes aux côtés de la Russie – ni quel sera son coût humain et économique.
Europe unie
L’Union européenne s’est montrée exceptionnellement unie et réactive dans sa réponse à l’agression russe. Un train de mesures de rétorsion économique de très grande ampleur a été décidé en quelques jours, allant de la fermeture de l’espace aérien européen aux avions russes jusqu’au gel ou à la saisie de biens et d’avoir des dirigeants russes. Les chaînes audiovisuelles liées à la Russie (RT et Sputnik) vont être interdites en Europe. Pour la première fois de son histoire, l’Union européenne va, à titre collectif, financer l’achat et la livraison d’armes à un pays en guerre.
L’Europe va également devoir faire face à une vague de réfugiés. Depuis le début de la guerre, ce sont déjà quelque 370 000 Ukrainiens qui ont quitté le territoire par la Pologne, la Slovaquie ou la Roumanie. L’Union européenne dit s’attendre, à terme, à l’arrivée de plus de 7 millions de personnes.
Accueil des réfugiés
Les États membres de l’Union ont visiblement décidé de se montrer plus ouverts à ces réfugiés que certains ne le sont vis-à-vis d’autres populations déplacées. Certains pays, comme l’Allemagne et l’Autriche, ont par exemple annoncé hier que les réfugiés ukrainiens seraient autorisés à circuler gratuitement dans le réseau ferroviaire. En Slovaquie, le gouvernement a annoncé que des permis de séjour et de travail seraient automatiquement délivrés aux réfugiés venus d’Ukraine ainsi qu’une ouverture des droits sociaux. L’Union européenne va réfléchir, dès cette semaine, à mettre en œuvre une mesure décidée à l’époque du conflit yougoslave mais jamais utilisée, consistant à prévoir un statut spécifique dans toute l’Europe pour les personnes déplacées pour cause de guerre et à organiser une répartition dans les différents États membres.
C’est notamment sur cette question des réfugiés que l’AMF s’est exprimée, dès vendredi 25 février. L’association assure le peuple ukrainien du « soutien et de la solidarité des maires de France ». Le président de l’AMF, David Lisnard, et le Bureau de l’AMF « appellent les communes de France à se mobiliser, en lien avec les services de l’État, pour accueillir si nécessaire le moment venu des réfugiés, dans les centres d’hébergements ou tout autre dispositif d’accueil ».
L’appel a déjà été entendu par un certain nombre de communes, qui ont d’ores et déjà annoncé leur intention d’accueillir des réfugiés. C’est le cas de Marseille, dont le maire Benoît Payan a dit hier, sur France info, que c’était « toute l’histoire » de la cité phocéenne que d’avoir accueilli, au fil des décennies, les réfugiés des guerres. La ville de Cannes a organisé une rencontre avec une association franco-ukrainienne pour « évoquer l’accueil des réfugiés ». D’autres collectivités, comme Lorient, Lille, Bordeaux ou encore le conseil exécutif de Corse, ont annoncé des intentions similaires.
L’Association des petites villes de France (APVF) a annoncé samedi que celles-ci sont « prêtes, à la hauteur de leurs moyens, à participer à l’accueil des réfugiés fuyant la guerre ». Régions de France et l’ADF ont toutes deux publié un communiqué pour dire, elles aussi, leur disponibilité pour organiser l’accueil.
Collectes
Par ailleurs, l’AMF appelle les communes à organiser des collectes d’aide d’urgence. Matériel médical et médicaments, d’une part (la liste du matériel demandé par l’Ukraine est listé ici) ; et produits de première nécessité, d’autre part, une liste ayant été établie par l’ambassade d’Ukraine en France : couvertures thermiques, duvets, produits de toilette et d’hygiène, tentes, lits de camp, eau, conserves, pâtes, etc.
Là encore, de nombreuses communes ont déjà répondu à l’appel et les premières collectes s’organisent. Parfois à l’échelle d’un département, comme dans le Calvados où une collecte est organisée par les pompiers. Parfois à l’échelle d’une commune ou d’une intercommunalité : la ville de Cannes a fait partir un premier convoi d’aide samedi, Montpellier va voter une délibération au prochain conseil municipal pour apporter « un soutien matériel et financier » à la population ukrainienne. Lorient, Senlis, Sceaux et des dizaines d’autres villes ont commencé à organiser des collectes. La région Île-de-France annonce avoir débloqué ce matin une aide d’urgence de 500 000 euros.
L’AMF indique que les renseignements d’ordre logistique peuvent être obtenus auprès de l’ambassade d’Ukraine, à l’adresse mail kseniia.druzhchenko@mfa.gov.ua.
Par ailleurs, selon nos informations, l’AMF est en train de conclure un partenariat avec la Fédération de la protection civile pour permettre aux communes de pouvoir organiser avec cette dernière la collecte et l’acheminement de produits de première nécessité et de fonds. Ce partenariat pourrait être parachevé dans la journée.
Mesures symboliques
Enfin, d’innombrables communes ont pris des mesures plus symboliques telles que le pavoisement de la mairie aux couleurs de l’Ukraine (drapeau ou éclairage), ou encore le changement de nom de certains lieux : Lille débaptise le pont Karkhov (nom russe de la deuxième ville d’Ukraine) pour lui donner le nom ukrainien de pont Kharkiv. Lorient a annoncé se préparer à débaptiser l’avenue Lénine pour lui donner un nom lié à l’Ukraine.
Sur le terrain économique, la région Rhône-Alpes, sans doute première d’une longue série, a annoncé ce week-end qu’elle suspendait « l’ensemble de ses partenariats et coopérations avec la Russie », ainsi que le soutien aux actions de l’association lyonnaise pour la coopération franco-russe.
© sources : maire-info.com – Auteur : Maire-Info / 28 Fév 2022