Alors que la grogne monte dans tout le pays contre l’augmentation des prix à la pompe, et en particulier l’alignement du prix du diesel sur celui de l’essence, le président de la République s’est exprimé ce matin pour tenter de déminer le terrain. Il a dit « entendre les colères » et les a même qualifiées de « légitimes », mais a défendu le cap de son gouvernement. Tout en disant vouloir aider les Français « les plus modestes » et les salariés « obligés de prendre leur voiture pour aller travailler ».
Interviewé sur Europe 1 ce matin, depuis la Meuse où il poursuit son « itinérance mémorielle » à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, Emmanuel Macron a voulu rappeler que la hausse des prix du carburant est liée « à 70 ou 80 % » à la hausse des cours du pétrole et non à la politique de son gouvernement. Il a néanmoins assumé la volonté du gouvernement d’augmenter les taxes sur le carburant, au nom de la transition écologique, répétant, comme il l’avait fait la veille, qu’il entend « moins taxer le travail et davantage ce qui pollue ». Il a également rappelé que les initiatives déjà prises pour aider les Français à acquérir des véhicules moins polluants rencontraient un fort succès (« 250 000 ménages » en auraient profité). Il a appelé les conducteurs roulant avec de « vieux diesels » à changer de voiture, quitte à acheter un « véhicule d’occasion » mais plus récent, c’est-à-dire moins polluant.
Emmanuel Macron a cependant déclaré que le gouvernement allait « bouger un peu » pour aider « deux catégories de Français » : premièrement, « les plus modestes » qui ont des difficultés pour acheter du fioul pour se chauffer. Il a appelé le gouvernement et le Parlement à « réfléchir » pour trouver des solutions dans ce domaine, notamment pour « aider les collectivités les plus novatrices ».
Vers une aide régionale défiscalisée ?
Deuxième catégorie de Français que le président souhaite aider : « Ceux qui prennent leur voiture tous les jours pour aller travailler » et « n’ont pas le choix ». Ceux-ci, a expliqué le président, se sentent frappés par « une double peine » : ce sont des « courageux » qui se lèvent pour aller travailler loin de chez eux, et ils sont particulièrement frappés par la hausse des prix de l’essence. « Il faut travailler avec les collectivités territoriales et les employeurs pour aider ces gens-là », a déclaré le chef de l’État, dans la logique d’une « indemnité kilométrique » par exemple.
Il a pris exemple sur la mesure décidée par Xavier Bertrand dans la région Hauts-de-France : une aide de 20 euros par mois, payée par la région. Cette aide est accordée sous des conditions drastiques : il faut habiter à plus de 30 km de son travail, ne pas avoir d’autre alternative de transport, être en CDD ou en CDI depuis plus d’un an et gagner moins de deux fois le smic.
« C’est une bonne philosophie », a estimé le président en parlant de cette mesure, qui a annoncé que ce type d’aides allait être « défiscalisé ». Xavier Bertrand, quant à lui, a déclaré ce matin qu’il pensait possible que cette mesure soit « généralisée à toute la France », au motif que « si ça marche dans les Hauts-de-France, pourquoi ça ne marcherait pas dans tout le pays ? ». Une telle généralisation poserait néanmoins une question de principe pour les régions, car elle reviendrait à leur faire supporter un coût supplémentaire pour une mesure décidée par l’État seul.
Hasard du calendrier, c’est au même moment que l’Assemblée nationale a commencé à débattre, hier, de la mission « écologie, développement et mobilités durables » dans l’examen du projet de budget pour 2019. Un amendement, présenté par le gouvernement, a notamment été adopté pour augmenter de 40 millions d’euros les crédits consacrés à l’aide au retrait des véhicules polluants (prime à la conversion).
© sources : Maire Info (www.maire-info.com) – 06/11/2018