Madame la Ministre, Monsieur le Préfet, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les personnalités civiles et militaires déjà cités, Mes chers collègues,
Je suis particulièrement honoré de votre présence à notre assemblée et au 2ème Salon des Maires du Var et je voudrais en mon nom et au nom de tous mes collègues vous remercier de votre présence dans une période difficile où les maires sont inquiets du devenir de leur commune en particulier les communes rurales qui représentent dans notre département et à l’échelon national quasiment les 2/3, communes où le rôle de l’élu est particulièrement apprécié par les administrés, véritable courroie de transmission pour toutes les informations qui touchent à la vie de tous les jours.
A quelques mois de l’échéance des municipales de 2020, n’oublions pas que les maires constituent l’un des échelons essentiels de la souveraineté populaire.
Ils ressentent aujourd’hui un sentiment de rejet alors qu’ils représentent à mon sens l’un des rares maillons de la chaine républicaine qui résistent à la méfiance généralisée.
Nonobstant leur positionnement politique, les élus locaux ont le plus souvent le sens du dévouement et sont appréciés de leurs administrés qui ne manquent pas de se retourner vers eux pour tous les problèmes liés aux écoles, à la sécurité, aux transports, à l’entretien des chemins…
Certes des réformes ont eu lieu, des réformes sont engagées mais de grâce, ne perdons pas de vue que la richesse de notre pays se sont les 35 000 communes, 1 000 communes ayant été rattachées pour former les communes nouvelles, gérées par plus de 500 000 élus pour la plupart bénévoles qui aiment et sont passionnés par ce qu’ils font mais qui aujourd’hui sont découragés. Ils se sentent désorientés et surtout il ne sont plus écoutés alors Madame la Ministre, qui nous faites l’honneur et le plaisir d’être à nos côtés et ce dont je vous remercie vivement car vous êtes aujourd’hui Ministre auprès du Ministre de l’Intérieur mais nous n’avons pas oublié que vous avez géré la commune de LA CHAUSSEE SAINT VICTOR située dans le Loir et Cher de 1989 jusqu’en 2014 et surtout qui ne connait pas Jacqueline GOURAULT, Vice-présidente de l’Association des Maires de France chargée de l’intercommunalité. Vous connaissez mieux que quiconque les problèmes des élus locaux.
Je me retourne aussi vers nos parlementaires, il faut prendre en compte les doléances des élus locaux, nous sommes déçus de ne pas avoir été entendus pour conserver à notre gré la gestion de l’eau et de l’assainissement que nous considérons essentielle et qui doit être librement exercée par les élus locaux. Certes si certains souhaitent que cette compétence soit exercée par la communauté de communes ou d’agglomération ou encore la métropole, un choix à leur guise, mais pourquoi cette différence de traitement entre les communes membres d’une communauté de communes qui auront la possibilité de basculer cette compétence en 2026 et les communes membres d’une communauté d’agglomération contraintes de passer le relais au 1er janvier 2020. Voilà un sujet qui nous a préoccupé, qui a préoccupé l’AMF et où nous n’avons pas été entendus, c’est regrettable.
Nous ne sommes pas opposés au regroupement mais laisser nous le choix d’y adhérer pour défendre avant tout nos administrés.
Autres sujets les normes qui devront être améliorées, nous croulons sous le poids de textes inapplicables qui malheureusement en cas d’incidents ou d’accidents se retourneront systématiquement vers la responsabilité du maire.
Madame la Ministre, Mesdames Messieurs les parlementaires, Mes Chers Collègues, Mesdames et Messieurs, nous sommes à un tournant.
Nos administrés ne comprennent plus le millefeuille qui continue de s’étendre et ce qu’ils regardent c’est avant tout leur feuille d’impôt. Malgré la fusion des structures engagées, aucune diminution de personnel ne s’est avérée, ni dans nos communes, ni dans les intercommunalités et l’imposition des administrés s’est aggravée et continue de s’aggraver d’une manière croissante.
Il est grand temps que les responsables au plus haut niveau soient conscients de cette situation qui contribue à la baisse de leur pouvoir d’achat et est contraire au plan de relance voulu par le gouvernement de la France que je partage et que la plupart d’entre nous partageons.
Certes comme je l’ai indiqué précédemment les réformes sont nécessaires mais soyons conscients que ce qui marche bien doit rester en l’état, il n’est pas question d’être rétrogradé mais il faut aller dans une direction pour ne laisser quasiment personne au bord du chemin.
La France est un beau pays qui bénéficie d’atouts remarquables, les neuf premiers mois de l’année ont été marqués par une fréquentation touristique exceptionnelle, prisée par de nombreux européens et surtout des américains mais il faut penser aussi à celles et ceux qui ne peuvent pas partir en vacances et qui sont de plus en plus nombreux, je sais que le gouvernement met en place un plan pauvreté mais il faut une véritable solidarité c’est là aussi que les maires agissent au travers des CCAS car nous avons la volonté de nous préoccuper de tout un chacun dans nos communes et je suis certain que le modèle communal républicain français qui est en crise aura encore de l’avenir car il n’est pas concevable que les responsables au plus niveau de la nation ne prennent pas en compte les doléances des élus locaux qui quotidiennement sont à l’écoute de leur concitoyens, preuve en est la participation au scrutin municipal qui est certainement celui qui attire le plus d’électeurs. Je suis persuadé que malgré le découragement des élus locaux un grand nombre d’entre nous continueront encore car ils se sentent investis d’une mission qu’ils remplissent avec passion, ferveur et j’ajouterai amour car généralement s’ils ont pu accomplir ce à quoi ils s’étaient engagés et malgré la baisse des aides qu’ils subissent aujourd’hui, ils font le maximum pour satisfaire leurs concitoyens. Ceux-ci leur renouvellent leur confiance une, deux, trois, quatre voire cinq fois, là aussi le quota du nombre de mandats ne me paraît pas être à fixer mais dépend de l’électeur, s’il veut continuer avec son maire ou s’il entend le rejeter.
Le 18 juillet dernier je vous ai adressé à tous un courrier que j’ai transmis au Président du Sénat Monsieur Gérard LARCHER, suite à son intervention à la Conférence Nationale des Territoires du 12 juillet 2018 qui je pense pose bien le problème que nous rencontrons actuellement Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs et je reprendrai les quelques phrases du Président LARCHER.
Ce dernier cite lors de la première conférence qui s’est tenue il y a un an :
« Je soulignais devant le Président de la République et le Premier Ministre que l’enjeu de la démarche était de reconstruire la confiance entre le gouvernement, les collectivités territoriales et le Parlement.
Quand je fais le compte des absents à cette conférence aujourd’hui, je ne peux pas me résoudre à entendre que l’on travaillerait simplement avec ceux qui le veulent. Je crois qu’il faut s’interroger collectivement sur les raisons qui ont conduits l’AMF, l’Association des Départements de France et des Régions de France à se retirer de la Conférence Nationale des Territoires.
Il faut se poser collectivement la question de la méthode de travail et s’interroger sur les conditions d’un dialogue sincère. Je vois des Maires qui assurent une mission essentielle sur le terrain mais qui se sentent écrasés. Par exemple l’enjeu des compétences eau et assainissement a été sous-évalué : écoutons le terrain et notamment les ruraux, trop souvent ils n’y croient plus alors qu’ils assurent une mission fondamentale de cohésion sociale et républicaine. Ce découragement, cette lassitude, ses critiques contre la méthode retenue jusqu’à présent, ces critiques contre ce qui est perçu comme un mouvement de recentralisation, nous devons l’entendre et en tenir compte. Je veux que la France aille mieux mais on ne redressera pas notre pays sans les élus et les territoires ».
Madame la Ministre, je sais que vous êtes proche des élus, je sais pouvoir compter sur vous comme vous pouvez savoir compter sur nous tous les élus républicains profondément attachés à tout ce qui touche notre beau pays La France.
J’assistais samedi dernier au Congrès National des Maires Ruraux à Saint Léger les Mélèzes où le Président Vanik BERBERIAN n’a pas mâché ses mots devant deux de vos collègues Monsieur Jacques MEZARD, Ministre de la Cohésion des Territoires et Madame Elisabeth BORNE, Ministre auprès du ministre d’Etat, ministre de la Transition écologique et solidaire, chargée des Transports en déclarant un peu crument « l’élu local on s’en tape de ce qu’il pense » et d’ajouter surtout outre sa colère sur la décision votée le 31 juillet dernier de transférer la compétence eau et assainissement de la commune vers l’intercommunalité le scandale des scandales pour le citer « c’est le fonctionnement de la DGF calculée en fonction du nombre d’habitants constatant qu’un habitant d’une commune rurale rapporte 50 % de moins qu’un urbain. Comme je l’ai dit en préambule de mes propos Madame la Ministre et je le répète, nous sommes à un tournant et il faut écouter les élus locaux, c’est eux qui sont les plus proches de nos concitoyens, qui les écoutent et aujourd’hui et aujourd’hui ces concitoyens comme les élus locaux sont en colère. Il est temps de prendre en compte nos doléances, la pyramide pour qu’elle tienne bon doit avoir une base solide et la base sans prétention …
Jean-Pierre VERAN
Président de l’AMF83,
Maire de Cotignac,
Conseiller Départemental.