Samedi 19 Septembre à Draguignan, plus de cent maires varois ont répondu à l’appel de Jean-Pierre VERAN, Président de l’AMF83 et d’Olivier AUDIBERT-TROIN, Député du Var et Président de la Communauté Dracénoise, pour protester contre la baisse des dotations de l’Etat. Un mouvement également suivi dans de très nombreuses villes et villages du Var, notamment Brignoles et Toulon, qui ont fait de cette journée de mobilisation une réussite. « La contribution normale des collectivités locales à la réduction des déficits doit se faire dans des proportions acceptables » a expliqué Jean-Pierre VERAN. « Les baisses de dotations de l’Etat sont trop fortes, notamment pour les communes situées dans le secteur du haut Var, où la réduction atteint 50%, ce qui est difficilement supportable. Ces baisses vont contraindre les communes à freiner drastiquement l’investissement et on ne pourra pas redresser la machine avec une telle situation. »
Pour Philippe PORTAL, Sous-Préfet de Draguignan, la baisse des dotations est voulue par le Gouvernement correspond à un effort national qui pèse sur tout le monde, les Ministères, les Régions, les Départements, les Maires : « Tout le monde aimerait bien pouvoir revivre cette période agréable qui a duré des années 80 aux années 2010 où la DGF augmentait tous les ans. Hélas, la situation actuelle ne le permet plus. Des mesures compensatoires seront néanmoins déployées pour pallier les difficultés, en fonction de la richesse des communes ».
Les parlementaires au côté des maires
Dans les rangs, le message ne passe pas. « Si nous sommes en situation de crise, les communes n’y sont pour rien » a assuré Pierre-Yves COLLOMBAT, Sénateur du Var: « L‘endettement des collectivités locales correspond à 11% de l’endettement national. Est-ce que cette politique de rétablissement des finances publiques par l’Economie a des effets positifs? Qu’est-ce que cela donne comme résultat depuis le temps que l’on se serre la ceinture? Le chômage augmente ! Et il va encore augmenter. Les maires ont le droit d’être inquiets, non? »
Le député Jean-Michel COUVE a salué la mobilisation exceptionnelle des élus locaux varois « qui représentent avec dignité leurs administrés dans un contexte très contraint » et a déploré l’absence de vision du chef de l’Etat et du Gouvernement au delà des seules mesures de restrictions annoncées : » Le Premier Ministre ne pourrait pas envisager, au delà des mesures de restriction, un certain nombre de réformes structurelles de fond attendues par les maires. Nous entendons beaucoup de discours, beaucoup d’annonce, mais à l’arrivée, on ne comprend pas trop quelles sont les orientations du Gouvernement ».
Un sentiment partagé par le Député Olivier AUDIBERT TROIN qui a dénoncé l’absence de dialogue concret et transparent avec l’Etat et notamment avec Bercy, « là ou tout se décide sans aucune concertation avec la population ».
Etaler le plan d’économies dans le temps
Pour Richard STRAMBIO, Maire de Draguignan, les communes varoises prennent ces mesures d’économies en pleine figure et n’ont aucune marge de manoeuvre pour éviter d’aller dans le mur : « On fait de la politique sans tenir compte des signaux d’alertes que nous adressent nos populations. Aujourd’hui ça suffit, nous sommes décidés à faire savoir que dans les petits ou grands centres villes, certains administrés sont en grande difficulté. Les conséquences de cette rigueur sont déjà terribles aujourd’hui. Ils le seront encore plus demain si nous ne tirons pas la sonnette d’alarme ».
« Il faut que l’Etat arrête de nous étouffer avec des lois et des décrets qui nous forcent à investir là où il n’ y a pas besoin et à nous couper l’herbe sous le pied lorsqu’il y a de vrais besoins » a poursuivi Alain PARLANTi, Maire des Arcs-sur-Argens. « Arrêtons notamment avec cette loi SRU qui nous force la main pour des constructions de logements pour lesquels il n’y a pas de demandes. Cette loi est scélérate! »
« Avec ces mesures imposées sans aucune concertation, les maires sont au milieu du guet et placés dans une posture particulièrement impopulaire… » a indiqué Vincent MORISSE, Maire de Sainte-Maxime et Président de la communauté de communes du Golfe de Saint-Tropez . Dotations en baisse, absence de visibilité pour nos budgets, baisses des participations… Nous avons un Gouvernement qui ne concerte pas, qui ne discute pas, qui ne propose rien, qui impose tout. Alors oui, on a bien compris que demain ne sera plus comme hier. Mais il nous faut tout de même plus de temps, plus de souplesse, plus d’écoute aussi. On ne peut pas sanctionner les communes en fonction de leur niveau de richesse. Ca n’a aucun sens ».
Rendez-vous au Congrès !
Même constat pour le Président de la communauté de communes Lacs et Gorges du Verdon, Jean BACCI, maire de Moissac-Bellevue : » La richesse des communes est calculée sir les bases ancestrales qui ont été surévaluées. Sur le territoire de Moissac, la baisse atteint 51%. C’est incompréhensible, c’est injuste, c’est insupportable pour la municipalité, et cela le sera pour les administrés. Nous ne sommes pas encore en 2017, mais nous y serons bientôt !
Enfin, pour Nello BROGLIO, Président des communes forestières et Maires des Adrets, c’est toute la loi NOTRe qui pose problème : « Nous sommes définitivement dépossédés de nos responsabilités avec la loi NOTRe. C’est encore une règlementation qui se superpose à une autre. Moi je crois qu’il y a vraiment un moyen de faire des économies : c’est d’arrêter la règlementation à outrance. »
Vers 11 heures, Jean-Pierre VERAN a invité ses collègues à signer la pétition nationale et les a invité à participer massivement au Congrès des Maires de France, qui, on le devine déjà, risque d’être « chaud bouillant »…