Qui sont les maires élus en 2020 ? Pour le savoir, Maire info a analysé le répertoire national des élus mis à jour par le ministère de l’Intérieur au début du mois de septembre. Premières tendances : il y a (un peu) plus de femmes maires, les maires sont plus âgés que lors du dernier mandat, et la part des professions intellectuelles et supérieures augmente, nettement, chez les édiles.
Pour obtenir ces données, Maire info s’est appuyé sur le volumineux fichier appelé RNE (répertoire national des élus), qui liste la totalité des 546 040 élus municipaux du pays (métropole et outre-mer). Nous avons croisé ce fichier avec les données démographiques « Population 2020 » fournies par l’Insee, afin d’affiner l’analyse par strates de population. Les chiffres que nous donnons sont donc livrés sous réserve d’éventuelles imprécisions ou données manquantes dans le RNE, inévitables dans un fichier d’une telle taille. Ils concernent les 34 888 maires qui sont mentionnés dans le répertoire.
Féminisation : les petites communes en tête
La parité avance à petits pas, mais elle avance quand même : comme nous l’écrivions déjà début septembre (lire Maire info du 8 septembre), il se confirme que 1 000 communes supplémentaires sont dirigées par des femmes par rapport au mandat précédent. Il n’empêche que le nombre de femmes maires reste faible : il s’établit à 6 913, soit 19,8 % du total. Ce taux progresse constamment : pour rappel, il était de 13,9 % en 2008 et 16 % en 2014. Pas de quoi pavoiser pour autant : si les choses devaient continuer d’évoluer à ce rythme, il faudrait encore cinq scrutins (soit trente ans) pour parvenir à la parité chez les maires.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas dans les plus petites communes, où la parité n’est pas obligatoire, que les chiffres sont les plus mauvais : c’est dans la strate des communes de 30 000 à 100 000 habitants, où le taux de femmes maires n’atteint que 15,5 % (36 femmes pour 196 hommes). Dans les communes de moins de 500 habitants, en revanche, le chiffre est supérieur à la moyenne nationale, avec 20,8 % de femmes maires (3 763 sur 18 078).
Grâce à la prise de plusieurs très grandes villes par des femmes, au second tour des élections municipales, le taux de femmes maires est nettement plus important dans les grandes villes : il est de 28,6 % – mais sur de petits chiffres il est vrai. Il y a 12 femmes maires sur les 42 communes de plus de 100 000 habitants.
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On notera, sans surprise, que le taux de féminisation varie fortement en fonction de l’âge : les maires des plus anciennes générations (60 ans et plus) sont des hommes à 84 %. Chez les moins de 40 ans, en revanche, ils ne sont « que » 75 %.
Du point de vue de la répartition géographique, c’est la Martinique qui est la plus mauvaise élève en matière de parité (10 % de femmes maires), suivie par la Corse-du-Sud, la Haute-Corse et la Nouvelle-Calédonie. Les trois départements les plus paritaires sont au coude à coude, avec aux alentours de 26,5 % de femmes maires : il s’agit de l’Yonne, du Cher et des Hauts-de-Seine.
Âge moyen des maires : 58,9 ans
Autre phénomène marquant : les maires sont de plus en plus âgés. Le nombre de maires âgés de moins de 40 ans au moment de leur élection est tombé à un peu moins de 4 % en 2020 (il était de 12 % en 1983). Cette tranche d’âge est stable par rapport à 2014. En revanche, le nombre de maires âgés de 40 à 59 ans est en net recul, à 40,6 % (six points de moins qu’en 2014). En toute logique, cela se répercute sur le nombre de maires de plus de 60 ans, qui atteint 55,3 % cette année (contre 49,7 % en 2014). Pour mémoire, en 2014, il n’y avait que 30 % de maires retraités.
C’est dans les villes de plus de 30 000 habitants que les maires jeunes sont les plus nombreux (10,3 % dans cette strate). Il n’y avait toutefois, à la date de prise de fonction des maires, qu’un maire de moins de 40 ans dans les villes de plus de 100 000 habitants. Ou plutôt une maire, celle de Strasbourg, Jeanne Barseghian, qui aura 40 ans en décembre prochain.
C’est, à l’inverse, dans les plus petites communes que l’on trouve (en pourcentage) le plus de maires de plus de 60 ans (presque 55 % dans les communes de moins de 1 000 habitants).
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Ajoutons qu’il y avait tout de même, à leur date de prise de fonction, 171 maires de moins de 30 ans dans le pays, et même 24 édiles de moins de 25 ans. Le plus jeune maire de France est Hugo Biolley, maire de Vinzieux, en Ardèche, qui avait 18 ans au moment de sa prise de fonction.
À l’autre extrémité du spectre, 166 maires avaient 80 ans et plus, au moment de leur prise de mandat, et deux plus de 90 ans. Le doyen des maires de France est aujourd’hui Guy Santoire, maire de Beaufort-en-Argonne, dans la Meuse (qui a maintenant 91 ans).
C’est en Seine-Saint-Denis que les maires sont, en moyenne, les plus jeunes (51,7 ans) ; et dans l’Indre qu’ils sont le plus âgés (62,3 ans). Au niveau national, l’âge moyen des maires est de 58,9 ans.
Moins d’agriculteurs, plus de cadres
En termes de catégories socio-professionnelles, le cru 2020 issu des élections municipales apporte des changements notables par rapport à celui de 2014. Si certaines tendances se renforcent, notamment la lente érosion et continue du nombre de maires agriculteurs, ouvriers et employés, le nombre de maires « cadres et professions intellectuelles supérieures » s’accroît en revanche fortement.
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Alors que près de 20 % des maires étaient agriculteurs en activité en 1995, ils ne sont plus que 11,6 % aujourd’hui (ce chiffre monte à 17,5 % si l’on y ajoute les agriculteurs en retraite). Les agriculteurs sont donc toujours fortement surreprésentés chez les maires par rapport à leur poids dans la démographique nationale (1,5 % des actifs français sont agriculteurs), mais leur nombre diminue.
Les maires sont également de moins en moins souvent ouvriers (2,4 %) ou employés (6 %). Le constat est ici l’inverse de ce que nous écrivions plus haut des agriculteurs : ouvriers et employés sont fortement sous-représentés chez les maires par rapport à leur poids démographique (en 2019, il y avait parmi les actifs 19,7 % d’ouvriers et 26,8 % d’employés).
On remarque par ailleurs une augmentation de 10 points, par rapport à 2014, du nombre de maires appartenant à la catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures », qui passe de 11,8 % à 21,4 % des édiles. Les cadres de la fonction publique représentent un quart de cette catégorie, les cadres administratifs et commerciaux du secteur privé un autre quart.
Le maire instituteur, grande figure de la IIIe République, appartient maintenant en grande partie au passé : il n’y a plus que 530 maires instituteurs (ou plutôt professeurs des écoles), soit 1,5 % du total.
Il faut enfin noter que le nombre de maires retraités en début de mandat est en légère baisse par rapport à 2014 : il est en 2020 de 39,4 %, soit trois points de moins qu’il y a six ans. Mais il y a fort à parier que cette tendance ne tient pas tant à un rajeunissement des maires… qu’au recul progressif de l’âge de la retraite.
Franck Lemarc
© sources : AMF France (www.maire-info.com) – 01/10/2020