Le nom des voies : toute une histoire….
Autrefois, lorsque l’on descendait à la ville, où que l’on montait au village, les gens savaient, grosso modo, qui était où, et où était qui.
Pour se retrouver, on donnait par exemple à chaque rue le nom des commerces qu’elle hébergeait (place du marché, rue de la brasserie). Si les rues ont généralement toutes été nommées au fil des années, l’accès à leurs habitants, lui, est resté plus problématique, notamment pour les services postaux, les services de secours ou les services fiscaux.
Et qu’ils soient élus, promoteurs ou techniciens, aucun des acteurs des territoires n’est en mesure aujourd’hui de gérer seul les paramètres d’amélioration de la desserte des habitants. Il était donc nécessaire que les acteurs de proximité et les autorités locales coopèrent dans ce domaine.
C’est le but de la présente collaboration entre L’AMF83, le SDIS 83, la DDFIP 83 et les services postaux.
Pour Jean-Pierre VERAN, président de l’AMF83, « il est indispensable que les maires s’emparent de ce dossier pour améliorer l’accessibilité globale de leurs communes et pour faciliter le service rendu aux administrés. Que ce soit pour la bonne réception de leur courrier quotidien, pour les besoins des services du recensement, pour les interventions des services de police, de gendarmerie, de pompiers ou pour les ambulances ».
Les avantages du dispositif
La réunion du Cannet des Maures a permis de faire le point sur le niveau d’adressage véritablement opérationnel dans les communes varoises.
Quand il est effectué avec exhaustivité, le dispositif d’adressage présente de nombreux avantages : à la fois pour le citoyen, qui voit ses livraisons à domicile sécurisées et accélérées (distribution du courrier, commandes par correspondance), et ses accès aux soins facilités (médecins, services de secours, service des eaux etc…) ; à la fois pour la mairie, qui peut élaborer une cartographie plus précise de son territoire et de ses ressortissants, mieux cibler ses administrés pour l’expédition de ses différents outils de communication (bulletin municipal, publicités locales etc…) et simplifier la gestion des listes électorales ; à la fois enfin pour les services publics qui peuvent intervenir plus rapidement sur place en cas d’urgence.
Pour Georges CONSOLO, Trésorier Payeur Général du Var, la problématique de la gestion des adresses intéresse fortement les services départementaux de finances publiques. « Avoir la bonne adresse permet de trouver le contribuable pour recouvrer l’impôt et de taxer l’ensemble des contribuables équitablement, c’est-à-dire exhaustivement. Un tel dispositif permet de recenser parfaitement l’ensemble des locaux privés et professionnels. Mais plus que pour les services fiscaux, c’est bien l’intérêt financier des communes qui est en jeu ici, car nous levons l’impôt pour elles ».
Selon Philippe CAZAUX du Groupe la Poste, « le travail effectué en faveur d’un meilleur adressage permet au Groupe la Poste d’offrir de meilleures prestations à nos clients (accessibilité bancaire, distribution de la presse, du courrier 6 jours sur 7). »
S’agissant du raccordement postal, la situation varoise est préoccupante : 17% de la totalité des points de vente ne comportent pas de numéro de voie, ni de numéro de porte. 44 communes ont – de 10% de points de distribution non identifiés, 57 communes oscillent entre 10 et 40% de points non identifiés, 31 communes ont entre 40 et 80 % de points non identifiés et 21 communes ont + de 80% de points non identifiés. « C’est dire s’il y a du travail à faire pour avoir une meilleure localisation ! », a précisé le responsable du Groupe la Poste.
Pour le commandant POPPI du SDIS83, une bonne adresse permet de réussir une intervention dans les temps impartis et de sauver des vies. « Nous recevons 500 000 appels annuels. Pour chacun, il nous incombe d’identifier le nom de la personne, localiser sa situation exacte, et d’envoyer les secours au bon endroit, à partir du poste de secours le plus proche. La convention que nous mettons en place avec les partenaires du dispositif adressage devrait nous aider à être plus efficace sur l’ensemble de nos missions ».
Une opération coûteuse
Dans la salle, plusieurs élus, adjoints et chargés d’études ont souhaité partager leurs expériences dans leurs démarches d’adressage. Globalement, la plupart des intervenants admettent que la portée de cette opération est largement sous évaluée par les élus. Le manque de planification et d’organisation reste important, les règles de numérotation demeurent peu connues.
Mme le Maire de Tavernes, Danièle SAULT, reconnaît être plutôt mauvaise élève en la matière. « Récemment, il a fallu que je dirige moi même les pompiers chez une personne, car il y avait deux personnes qui portaient le même nom dans le hameau. Heureusement que l’on a pu sauver cette personne en grande difficulté car sinon, j’en aurai été responsable. Alors nous avons décidé d’attribuer des noms aux chemins qui n’en avaient pas, en choisissant de leur attribuer des noms de plantes. Il reste encore à mettre des numéros aux rues, mais je crois qu’on avance dans le bon sens ».
Romain DEBRAY, Maire d’Entrecasteaux, a préféré faire appel à un géomètre expert: « Nous lui avons demandé un diagnostic complet de la voirie (environ 150 euros par km expertisé), ce qui nous a permis d’avoir, en même temps des informations pertinentes sur sur le niveau d’adressage de notre commune. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y avait un certain nombre d’anomalies ».
Benjamin ILIC de la Mairie de Fayence a expliqué que les services de sa commune ont du numéroter l’ensemble des rues de la commune, en travaillant quartier par quartier : « Nous avons dénombré environ 70 voies, et cela nous a coûté 25000 euros ».
Normaliser pour mieux recenser.
Autre témoignage, celui du correspondant RIL (Répertoire d’immeubles Localisé) de la mairie de la Londe, Alban BURLET : « Nous avons vérifié les adresses normalisées, la position, la dénomination des voies, le nombre de logements. Nous nous sommes aperçus que le nombre de maisons non référencées était important. Nous avons crée un SIG qui nous a permis de réaliser d’importantes mises à jour. En 2011, 78 % des logements londais ont été normalisés, ce qui nous a également permis d’effectuer un recensement de la population conforme à la réalité ».
La Mairie de La Seyne a décidé de mettre en place des procédures d’adressage spécifique dans certains quartiers de sa commune, notamment dans le quartier Berthe et ses 4400 logements. Selon Marie Paule SILVY Directrice Territorial au Service Infrastructures de la Seyne, « Les appartements ont tous la même adresse : le nom d’une tour, et le numéro d’une porte. Nous pensons que ce système contribue à marginaliser les habitants de ses quartiers, qui sont tous logés à la même adresse. En partenariat avec l’office HLM et les services de la Poste, nous sommes en train de travailler sur un nouveau système d’adressage qui devrait permettre de rationaliser l’ensemble des adresses d’ici 2013 ».
La ville Sanary-sur-Mer a également entamé un vaste programme de rationalisation. Claire FEBBRARI, responsable SIG et du recensement de la commune a présenté aux élus la démarche entamée par la commune en 2010. « Nous avons réalisé une brochure d’information, crée un référentiel adresse, modifié les erreurs, nous avons rapproché nos plans avec ceux de l’office de tourisme ou des agences immobilières de la commune de façon à pouvoir rattacher chaque parcelle à une voie dénommée. Nous avons également travaillé avec les services des impôts pour changer les bases cadastrales et nous sommes en train de développer un système GPS qui devrait permettre une géolocalisation optimale ».
La Mairie de Cogolin a réalisé un Répertoire d’immeubles Localisé pour les besoins de l’INSEE et de la Poste. « Le bilan est très positif, aussi bien pour les différents services concernés que pour la population, qui est très demandeuse de ce service ».
Les communes de Cavalaire, Toulon et Hyères ont également présenté leurs démarches et leurs résultats, plutôt satisfaisants au regard de l’ampleur de la mission dans certains quartiers.
Vous pouvez télécharger le guide de l’adressage au format .pdf
La convention de partenariat indispensable au suivi de la démarche doit être demandée par mail à l’Association des Maires du Var : mgautier.amv83@orange.fr.