Le chantier de décommissionnement du cuivre change de braquet en 2023. Mais pour réussir, il va falloir convaincre les plus réticents de passer à la fibre.
Orange a décidé d’arrêter d’ici à 2030 son réseau cuivre, l’infrastructure télécom de référence devenant dès lors la fibre optique. Son «plan de décommissionnement » a été présenté au printemps dernier et prévoit deux grandes étapes : des chantiers sur des territoires de plus en plus vastes jusqu’à 2025 suivi d’une «industrialisation » pour faire passer la totalité du territoire à la fibre optique.
« La route est tracée et on sait comment atteindre nos objectifs », a affirmé Muriel Germa en charge du projet cuivre chez Orange, lors du point info organisé le 22 novembre, dans le cadre du Congrès des maires. «Dix cahiers » en cours de publication doivent détailler la gouvernance, le partage des données ou certains détails techniques. Le chantier démarrera officiellement en 2023 avec le «lot 1 » qui compte 162 communes et 210 000 locaux, avant un lot 2 comptant plus d’un million d’adresses.
En attendant, l’opérateur a mené des expérimentations avec l’appui des collectivités. Après Levis-Saint-Nom (78) en 2020, six communes représentatives de la diversité des contextes – rural, périurbain, urbain dense et zone d’activité – doivent passer à la fibre avant le 31 mars 2023.
Or, cela n’a rien d’évident, comme en a témoigné Franck Siegrist de la région Grand Est. «Si l’on s’en tient au rythme actuel, on aura encore 300 foyers sur 3 500 qui n’auront pas migré au 31 mars 2023 », s’inquiète-t-il, en relatant l’expérimentation menée dans quatre communes ardennaises. Une lenteur qui s’explique par divers facteurs, au premier rang desquels l’éloignement de certaines personnes du numérique.
Mais les expérimentations révèlent aussi de nombreux cas particuliers (alarmes, télégestion…) ou encore une réticence de certaines entreprises à passer à la fibre.
Des réticences qui font rappeler à Ghislain Heude, représentant de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), que l’arrêt du cuivre passe par trois conditions : «la fibre doit être là avec un déploiement le plus complet possible ; il faut que la technologie fonctionne correctement et, enfin, que l’on soit d’accord sur la méthode et la gouvernance ». En ligne de mire du régulateur : le ralentissement du rythme de déploiement de la fibre observé dans les zones privées, et les problèmes de raccordement ou de qualité de service que la filière télécom peine actuellement à éradiquer.
Du côté des maires, on insiste surtout sur la nécessité de préserver un service cuivre de qualité «jusqu’au bout » et de veiller à ce que la migration vers une alternative au cuivre se fasse «à prix constants ».
Des points que reprennent la contribution des associations d’élus au projet de décommissionnement du cuivre, ont souligné Michel Sauvade, maire de Marsac-en-Livradois (63), co-président de la commission numérique de l’AMF, et Jacques Cornec, maire de Bourgheim (67). L’urgence d’une communication «neutre », sur le mode du passage à la TNT, fait par ailleurs l’unanimité. «Nous avons élaboré un kit de communication à destination des communes », a annoncé Aude Boisseranc de la Fédération française des télécoms. Une communication d’autant plus urgente que les arnaques commencent déjà à pulluler.
Retrouvez l’interview de Patrick Chaize, sénateur de l’Ain et président de l’Avicca, réalisée par Maire info, ci-dessous :
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© sources : amf.asso.fr – Réf :BW41492 / Auteur :Olivier Devillers /8 Déc 2022