L’union nationale des missions locales (UNML) invite les élus à signer une tribune pour maintenir, voire « réévaluer » le financement du réseau des missions locales, alors que le gouvernement envisage de diminuer leur financement de 13 %. La question a également été abordée à l’Assemblée nationale, sans réponse satisfaisante du gouvernement.
C’est l’un des innombrables sujets d’inquiétude que provoque, chez les maires, le projet de loi de finances pour 2026 : après une première baisse de 5,6 % en 2025, le budget alloué au soutien des missions locales pourrait diminuer de 13 % en 2026. Cette diminution représente, sur deux ans, l’équivalent de « 1 100 postes en moins sur le réseau, moins d’accueil et moins d’allocations versées », s’est inquiété, dans la presse, Stéphane Valli, maire de Bonneville (Savoie) et président de l’UNML.
Missions locales « saignées »
Mardi 4 novembre, lors de la séance de questions au gouvernement, le député Liot de La Réunion Stéphane Viry a interpellé l’exécutif sur ce sujet : « Aujourd’hui, plus de 600 000 jeunes sont en errance, victimes d’un échec ou d’un manque de chance. (…) Les missions locales ne les abandonnent pas : elles sont la première porte d’entrée vers l’emploi, (…) elles incarnent tout simplement l’espoir républicain pour des milliers de jeunes. Pourtant, monsieur le Premier ministre, vous saignez leurs moyens dans votre budget pour 2026 avec une diminution de 13 % de leur financement l’année prochaine et de 20 % en deux ans. Ma question est simple : souhaitez-vous supprimer les missions locales ? ».
Jean-Pierre Farandou, le ministre du Travail et de l’Emploi, a certes répondu que « les missions locales resteront au cœur de l’action [du gouvernement] pour l’insertion », ce qui n’engage à rien, mais assumé le fait de « faire un effort de redressement » sur l’ensemble des dispositifs d’insertion.
« Fausse économie »
L’Union nationale des missions locales s’est également emparée du sujet, avec le lancement d’une tribune en ligne que les élus sont invités à signer le plus largement possible (près de 500 l’ont déjà fait à l’heure où nous écrivons). Cette tribune déplore que la baisse des crédits risque de « fragiliser toute une génération » en « mettant en péril le premier service public de proximité dédié à l’insertion des jeunes ».
Quant à l’AMF, elle partage les inquiétudes de l’UNML considérant que le bloc communal contribue au financement des missions locales derrière l’État et qu’une baisse des financements étatiques ne sera pas neutre sur le fonctionnement de ces structures.
L’UNML rappelle que les missions locales, fortes de 6 800 lieux d’accueil, accompagnent plus d’un million de jeunes chaque année. « Présidées et pilotées par les élus locaux, (elles) incarnent ce que nos territoires savent faire de mieux : la solidarité, l’efficacité grâce à la proximité ».
Pour l’UNML, la baisse des crédits est « une fausse économie », parce qu’elle risque d’aboutir à une hausse « des coûts sociaux (hébergement d’urgence, santé) et d’entamer la cohésion sociale ».
D’autant que cette diminution des crédits des missions locales n’est pas le seul point noir du projet de budget en matière d’insertion : de nombreuses dispositions du PLF risquent « de s’avérer très handicapants pour toute une génération », souligne l’UNML, qui met notamment en avant la mise en place de cotisations sociales pour les apprentis et la suppression de l’aider au financement du permis de conduire pour ceux-ci, la perte « de 20 000 postes dans les dispositifs d’insertion par l’aide économique », la diminution de 53 millions d’euros sur deux ans des « allocations ponctuelles accordées aux jeunes dans leur parcours d’insertion » … « Les collectivités qui, demain, se tourneront vers les missions locales pour répondre aux besoins des jeunes, pourraient trouver des partenaires exsangues ».
Fonds d’urgence
L’UNML demande au Parlement de renoncer à la diminution des crédits des missions locales, et de créer « un fonds d’urgence pour soutenir les missions locales en difficulté financière ». Elle demande également la reconduction de l’objectif de « 200 000 jeunes engagés dans le contrat d’engagement jeunes » et la préservation des 53 millions d’euros du budget du Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (Pacea) que le gouvernement veut supprimer.
En conclusion, l’UNML appelle les élus à « se mobiliser pour défendre un modèle unique, décentralisé et efficace d’insertion professionnelle et sociale des jeunes », modèle qui donne aux jeunes « les moyens de se construire un avenir et de devenir acteurs à part entière de la société ».
© sources : Maire Info (www.maire-info.com)/ Franck Lemarc – 06/11/2025