Les assises du logement social organisées par la Préfecture du Var et l’AR HLM Provence-Alpes-Cote d’Azur-Corse ont permis de dégager des propositions fortes pour améliorer la production de logements sociaux. Invité à conclure les débats, M. Jean-Pierre VERAN a demandé aux élus de ne pas se soustraire aux résolutions de la loi SRU et à établir des stratégies foncières mieux adaptées aux problématiques de leurs territoires.
Ce n’est pas vraiment une nouvelle : notre département est le plus mauvais élève de la Région PACA en terme de constructions de logements sociaux (9% du parc locatif global contre 17% au niveau national).
Ce constat préoccupant s’explique par de nombreux facteurs, plus ou moins glorieux : contournement des exigences de la loi SRU, réserves foncières insuffisantes, permis de construire majoritairement accordés pour les résidences secondaires (34% du parc de logement), réhabilitations insuffisantes de logements insalubres… Pourtant 70% de la population de notre département est éligible au logement social.
Pour M. Laurent CAYREL, Préfet du Var, il est urgent d’apporter une réponse sociale à nos concitoyens et une réponse durable : « Une charte foncière va être élaborée avec les communes, les bailleurs et les promoteurs, à l’image de celle de la métropole Nice Côte d’Azur, pour limiter le coût du foncier. »
A la tribune, M. Jean-Louis DUMONT, Député et Président de l’Union Sociale pour l’Habitat a invité les élus à s’investir davantage dans leur rôle de promoteur immobilier social: « Beaucoup de nos concitoyens ont besoin que nous prenions nos responsabilités et que nous travaillons tous dans le même sens ».
Un avis partagé par M. Martial AUBRY, Directeur Général de Var Habitat, pour qui les difficultés d’accès au foncier restent importantes mais pas insurmontables : « Malgré un contexte économique tendu, nous arrivons à créer entre 300 et 400 logements par an. Nous exploitons des délaissés de terrain, nous multiplions les opérations d’aménagement, nous engageons des travaux de réhabilitation qui nous permettent de générer des recettes ».
Même résultat pour la SEM Fréjus Aménagement, qui s’autofinance à 100%. « Notre objectif est double : promouvoir la mixité sociale et fournir aux fréjusiens un nombre de logements suffisants », explique son directeur M. Gérard DAUGREILH. « Quels que soient les aménagements que nous souhaitons développer, nous intégrons toujours un lot pour le social. «
Pour M. Didier LAPACHERIE, délégué territorial du Var de l’Etablissement Public Foncier de PACA, les lotisseurs et les aménageurs souffrent d’un problème logistique important. « Il y aura toujours des difficultés de calendrier liées aux contentieux, à la durée des travaux, à la durée de l’instruction des permis de construire. Ces retards ont des répercussions sur les coûts de réalisation des opérations d’aménagement ».
Pour M. Marc VUILLEMOT, maire de La Seyne-sur-mer et Conseiller Régional, des outils existent à la Région pour augmenter le nombre de logements subventionnés « Un rééquilibrage en faveur des logements sociaux sera possible dès lors que des infrastructures adaptées pourront venir compléter les programmations de logement existants ».
Dans la salle, les réactions des participants ne se sont pas fait attendre.
Ainsi pour M. Jean Louis HORON, président de l’Association « Logements pour Tous », la question de l’accessibilité au logement est un vrai problème sociétal : « Il faudrait que vous, les politiques, puissiez faire en sorte de faire baisser les prix des loyers de 20% tout de suite…ou alors, augmentez les salaires de 20%« .
M. Yvon ZERBONE, Maire de GASSIN, a raconté à ses collègues « l’agonie programmée d’avance » d’un projet de logements sociaux pour sa commune. « Nous avons choisi de construire des logements sociaux sur un terrain privé. L’opération était lancée mais la DREAL a découvert des tortues et une espèce protégée d’orchidée. Face aux pressions, il nous a fallu renoncer. Nous cherchions juste à loger des gens. En contrepartie, nous avons eu le sentiment de passer devant un tribunal!. »
Comment optimiser les coûts de production en maintenant la qualité exemplaire des opérations et comment améliorer les délais de réalisation d’une opération? A cette question, plusieurs personnalités ont tenté de répondre, parmi lesquels M. Jöel CANAPA, « Tout est question de volonté politique. On peut continuer à faire appel à des opérateurs dès lors qu’on fait du logement une priorité. On peut aussi lier l’exigence de qualité à celle de qualité environnementale. À La Seyne-sur-Mer, on a mis en place un partenariat avec des promoteurs privés afin de permettre aux actifs d’accéder à la propriété. Sans subvention, le prix de vente du m2 a diminué de moitié et l’activité économique et commerciale redémarre ».
En conclusion, M. Jean-Pierre VERAN, Président de l’Association des Maires du Var, a rendu hommage à celles et ceux qui, dans les mairies « n’oublient pas de comptabiliser le logement social dans les plans locaux d’urbanisme » et a émis le souhait que les communes « se regroupent pour créer des SEM et travaillent ensemble à l’équilibre social de l’habitat ».