Avant le congrès, des responsables de l’AMF réagissent à l’attitude du gouvernement

À quatre jours de l’ouverture du 101e congrès de l’AMF, c’est désormais officiel : le président de la République, Emmanuel Macron, ne sera pas présent à la séance du clôture, jeudi 22 novembre. La présidence a en revanche annoncé que des maires seront reçus à l’Élysée – comme l’an dernier – pendant le congrès et que le président de la République fera un discours – ce qui est en revanche nouveau. Plusieurs dirigeants de l’AMF ont réagi sur ce sujet ou, plus généralement, pour rappeler la place et le rôle de l’association.
Sur France info, hier, le n°2 de l’AMF, André Laignel, a qualifié la décision du président de la République de « mauvaise manière ». Rappelons que c’est Emmanuel Macron lui-même qui, l’année dernière, au congrès, avait proposé de venir chaque année devant les maires « rendre compte de (ses) engagements » – alors que depuis plusieurs septennats et quinquennats, les présidents de la République ne se rendent au congrès que la première et la dernière année de leur mandat.
Emmanuel Macron a donc changé d’avis, dans un contexte de relations tendues entre l’État et les collectivités. « C’est évidemment son droit », avait dit dans une interview plus ancienne le premier vice-président délégué de l’AMF ; mais c’est surtout l’invitation des maires à l’Élysée et le fait que le président y prononce un discours qui choque André Laignel : « C’est un extraordinaire pied de nez à la décentralisation », pour lui, l’Élysée étant « le lieu de l’hyper-concentration » et non celui de la décentralisation. Le maire d’Issoudun est persuadé que cette initiative, qu’il qualifie de « non-sens », sera « ressentie très négativement par l’ensemble des maires de France ».

Aucune démarche « partisane »
Autre réaction d’un ténor de l’AMF, hier, avec la parution d’un communiqué de presse de Philippe Laurent, secrétaire général de l’association. Le maire de Sceaux a tenu à prendre position pour contrer les propos tenus par « certains membres du gouvernement » sur le fait que l’attitude de l’AMF aurait un caractère « partisan ». Des membres de la majorité, depuis plusieurs semaines, répètent en effet que la ligne « dure » adoptée par l’AMF, et la création, avec l’ADF et Régions de France, de l’association Territoires unis, serait une manœuvre « politique et partisane ». « Politique », Philippe Laurent ne le nie pas : « L’AMF est en effet un acteur politique majeur dans notre pays. » Mais le mot « partisan », en revanche, ne passe pas. À l’instar de François Baroin qui, lors de la conférence de presse de présentation du congrès, la semaine dernière, avait répété que la direction de l’AMF était « paritaire » entre gauche et droite et que toutes les décisions de l’association étaient prises « dans l’intérêt des collectivités » et non en fonction de telle ou telle affinité politique, Philippe Laurent dit « regretter profondément » l’utilisation du terme « partisan », tout comme celui de « manipulation » : « D’aucuns évoquent des tentatives par les dirigeants de l’AMF de « manipulation » des maires et des élus. (Cela) ne correspond aucunement à la réalité et ne sert qu’à mettre de l’huile sur le feu. » Et de préciser : « L’AMF ne se situe pas dans un rapport de majorité-opposition, ou de soutien ou de défiance vis-à-vis du pouvoir central. Elle poursuit deux objectifs majeurs : promouvoir la gestion publique locale et défendre les intérêts des communes de France et de leurs habitants, dans le cadre des principes républicains dont elle estime que les maires sont les porteurs. »
Le maire de Sceaux insiste sur le fait que l’AMF « n’entend pas se situer uniquement dans une forme de face à face avec le gouvernement », mais qu’au contraire « elle s’adresse à l’ensemble des citoyens, grâce notamment à la campagne d’information et de communication en cours de lancement ». De plus, l’AMF « représente l’ensemble des communes et des intercommunalités » dans les différents organes consultatifs et « dans les négociations à conduire avec le pouvoir législatif et exécutif ». L’AMF a donc « une présence institutionnelle », ce qui est « l’inverse d’une conception partisane ».
Lors du congrès, ces positions devraient sans doute être répétées, notamment lors de la présentation, mardi après-midi, de Territoires unis par les trois présidents des associations nationales d’élus, François Baroin, Hervé Morin et Dominique Bussereau. Pour ce qui est de la fin de congrès, la présidence de la République a indiqué que le Premier ministre, Édouard Philippe, viendrait clôturer les débats.

F.L.


© sources : Maire Info (www.maire-info.com) – 16/11/2018