Formation AMV au Luc-en-Provence : Les élus face aux risques majeurs

Il n’est jamais trop tard pour anticiper

En Avril 2010, la Préfecture du Var et l’Association des communes forestières du Var (COFOR83) ont décidé de mettre en place une réflexion sur le rôle du maire en tant que Directeur des Opérations de Secours (D.O.S) et sur les relations avec le Commandant des Opérations de Secours (Pompiers) et les services de l’Etat. La liste des préoccupations fait froid dans le dos. L’absence de réponse et de solutions concrètes également. Il convient d’agir, en amont, d’anticiper, de rester en alerte de façon à ce que tous ces scénarii soient envisagés et que chacun dans son rôle sache comment agir le moment venu. « La responsabilité du maire peut-être engagée pour absence ou insuffisance de mesures de prévention, soit dans le cadre des activités de police générale, soit en matière d’urbanisme. Nous devons absolument renforcer notre politique partenariale en matière de sécurité civile » a exhorté le maire des Adrets de l’Estérel, M. Nello Broglio.
A la tribune, M. Jean-Pierre Véran, président de l’AMV et Maire de Cotignac a insisté sur la « nécessité de centraliser l’information et de faire en sorte que la communication passe mieux entre les décideurs et les forces de sécurité, sans jamais se substituer aux uns et aux autres ».
Quant au Sénateur Pierre-Yves Collombat, c’est sur les conditions d’alerte qu’il convient de plancher sans tarder : « Envisager, imaginer, appréhender tout ce que vous voudrez, il restera toujours un risque : celui du perfectionnisme, de l’exhaustivité, de l’incertitude. Ayez soin d’attendre la cavalerie, mais n’oubliez pas, mes chers collègues, qu’elle peut ne pas venir tout de suite ». 

Le maire, acteur central de la protection contre les risques

Mme Sophie Perchat, secrétaire générale de la COFOR 83, a énuméré la liste des compétences régaliennes, politiques et de maîtrise d’ouvrage qui incombent aux maires en cas d’incendie. On retiendra qu’ainsi, en amont de la survenue d’incendie :  le maire doit pouvoir exercer son pouvoir de police municipal pour assurer le bon ordre, la sûreté et la salubrité publique. Il doit pouvoir créer une réserve communale de sécurité civile qui sera placée sous l’autorité du maire et décréter la création d’un comité communal de feux de forêts. Il doit veiller à la sécurité des parcelles forestières et des dépôts d’ordures, faire appliquer les obligations de débrouissaillement sur l’ensemble du territoire communal, et informer les citoyens sur les risques majeurs. Sur ce point, il lui incombe de renseigner et d’afficher en mairie le document d’information communal sur les risques majeurs, le DICRIM à l’attention de ses administrés.
Enfin, s’agissant de l’aménagement et des équipements, le maire doit faire inscrire la prise en compte du risque feu de forêts dans tous les documents de planification (POS, PLU, carte communale, SCOT, chartes et contrat de territoire, chartes forestières, contrats de rivière etc…). Il doit participer à l’élaboration des plans de massifs et formuler un avis lors de l’élaboration du Plan Départemental de Protection des Forêts contre les incendies (PPFCI) et du Plan de Prévention  des Risques Incendies de Forêts (PPRIF) de la commune.
Pendant la crise, le maire doit veiller à la bonne diffusion de l’alerte à la population, et tenir celle-ci informée de l’évolution de la situation. Face aux difficultés, il peut demander un appui logistique aux services de secours, réquisitionner tous les moyens qu’il juge nécessaires aux secours. Enfin, en aval de la crise : le maire suspend les mesures, veille à la remise en état des infrastructures communales endommagées, au relogement des sinistrés et au redémarrage de l’activité économique.

Pour aider les élus dans toutes ces démarches, l’association départementale des comités communaux feux de forêts et des réserves communales de Sécurité Civile du Var ont présenté le logiciel grantibou, programme d’assistance éléctronique à la réalisation du plan communal de sauvegarde (www.grantibou.com)

Renforcer la politique partenariale

Premier magistrat de sa commune, le maire a toujours d’importantes responsabilités en matière de sécurité et de gestion de crise. Si l’incident ne dépasse pas les limites géographiques de sa commune, il demeure directeur des opérations de secours (DOS). Même si le Préfet est le DOS sur les incidents de grande ampleur,  c’est toujours lui qui endosse cette responsabilité avant même le Représentant de l’Etat. Il reste responsable de la mise en oeuvre des moyens sur sa commune pour l’alerte, la mise en sécurité de ses administrés et le soutien aux sinistrés. Sans se substituer aux autorités compétentes, le maire doit prendre pleinement sa place dans le dispositif de gestion de crise, aux côtés de la préfecture, des pompiers, de la gendarmerie. Son rôle doit être ainsi connu et reconnu de tous les acteurs.
Sur ce point, l’adjoint municipal délégué à la sécurité de la ville de Fréjus, M. Bernard Tardif a déclaré qu’il n’y avait pas de place pour l’improvisation dans ce genre de crise : « Chacun son métier ! Le COS connait le format des secours à appliquer. Au DOS de prendre les décisions générales. Quand un maire veut faire construire une route, il s’adresse à des pros. Là, c’est pareil ». M. Le colonel Eric Martin du SDIS 83 a également voulu réagir : « Nous essayons de privilégier le plus possible les liaisons avec le maire. Nous avons des outils cartographiques qui nous permettent d’évoluer avec beaucoup de précision sur le terrain. Nous privilégions également l’utilisation des téléphones portables chaque fois que cela est nécessaire ». 
Soit ! Mais faut-il encore que les réseaux fonctionnent à ce moment là, a grogné la salle. « Il nous faut étudier plusieurs pistes », a ajouté M. Tardif,« et mener une réflexion sur l’anticipation, sur l’éducation à la sécurité et sur la consolidation des réseaux radios et systèmes modernes de communication, sinon on y arrivera pas ». 

Un outil d’importance :  le plan communal de sauvegarde

Pour assurer l’alerte, la mise en sécurité des administrés et le soutien aux sinistrés, les maires disposent de moyens qui sont à mettre en place bien avant toute situation de crise : le plan communal de sauvegarde (PCS), et la mise en place d’une réserve communale de sécurité civile (qui devra intégrer le comité communal des feux de forêts s’il existe en tant que cellule « feux et forêts »).
Le plan communal de sauvegarde est un plan d’urgence à partir duquel une mobilisation rapide et coordonnée de l’ensemble des intervenants en cas de catastrophe est possible. Il prévoit le lieu d’implantation du PC communal, recense les moyens mobilisables et établit des fiches réflexes précisant le rôle de chacun ainsi que les permanences des personnels impliqués.
Dans le Var, peu de communes disposent d’un tel document. Pourtant, comme l’a rappelé M. Nello Broglio « au delà de l’obligation légale, les maires doivent se montrer exemplaires dans la préparation de leur commune à la gestion de crises au regard des risques qui menacent les personnes et les biens, et des importantes catastrophes qui mettent régulièrement le Var à la une des actualités ».

Témoignages et Recommandations

« Depuis que la forêt n’est plus exploitée, il faut vivre en permanence avec la menace feu » a lancé M. Nello Broglio, pour qui « l’intégration de l’échelon communal dans le dispositif général de gestion de crise, et notamment des incendies, passe par la nécessaire identification des interlocuteurs des différents services et par le biais d’exercices communs, le but étant, en quelque sorte de créer en commun une culture de risques ».
« Ca commence mal! » lui a rétorqué M. Michel Dard, président du syndicat des propriétaires forestiers du Var : « Commençons donc par exploiter correctement notre forêt. Nous, les propriétaires forestiers comme vous les maires ». Cela semble plus facile à dire qu’à faire : « Dans les endroits peu ou pas rentables, il est difficile d’exploiter. On va pas planter de la vigne parce qu’on la dit bon pare-feu alors que son entretien coûte plus cher que le débrouissaillement « , lui a répondu le président de l’association des communes forestières.

Beaucoup de personnalités ont également pris la parole dans la salle pour témoigner de ce qu’ils ont vu et vécu lors des inondations des 15 et 16 Juin derniers. M. Amado, adjoint à la sécurité de Sainte Maxime a regretté que Météo France n’ait pas donné une information plus précise sur la montée des eaux. Mme Guérin, en charge du PSC à Roquebrune-sur-Argens, a déclaré « avoir vécu l’horreur ». M. Florent, Conseiller municipal à la mairie des Arcs, a dénoncé « le black-out de la communication pendant le sinistre », et « l’absence d’interlocuteurs pendant les premières quarante huit heures du sinistre ». Sur ce point, les responsables de la Préfecture présents dans la salle ont répondu qu »ils comprenaient le mécontentement et la frustration des habitants et des responsables des communes sinistrés, insistant néanmoins sur le fait que « les évènements ont du être priorisé par le Préfet ».

 

M. Bernard Chilini, Maire de Figanières, a témoigné de l’ampleur de la catastrophe sur le territoire de sa commune : « On a assisté, impuissant, au déferlement d’une vague d’eau qui emporte tout. C’était monumental. On était débordé. On a appelé à l’aide. On en a a pas eu. Alors on s’est organisé, et on y est arrivé, avec les habitants, les entreprises, les voisins, les jeunes. Il faut retenir les leçons de ce drame. Il y a ce qui arrivce, ce qu’il faut faire, et ce qu’il faut prévoir ».

Dans la salle, des élus témoignent des initiatives qu’ils viennent d’adopter dans ce sens, comme par exemple sur la commune de Ramatuelle, où la municipalité vient de signer une convention avec le syndicat de la Giscle pour obliger les propriétaires à nettoyer les bassins versants afin d’éviter les accumulations et les débords en cas de forte précipitation.

Enfin, Mme Nancy Spinoza, chargée de mission à la Région PACA a indiqué que les maires peuvent se procurer un guide à l’usage des élus rédigé par les services de la direction de l’aménagement des territoires pour « prendre en compte les risques naturels majeurs et pour permettre le développement durable des territoires ».   

Les débats se sont clos vers 12h.

 

 

 

Web + : 
Niveau national, Niveau régional
Le site du ministère de l’Ecologie et du développement durable
La Prévention des Risques Majeurs
Le Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire
Le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche
L’ Office Nationale des Forêts
La Direction Régionale de l’Environnement Région PACA DIREN
La Direction Régionale de l’Equipement
L’agence de l’eau RMC
Le pôle gestion des risques et vulnérabilité des territoires

Les élus locaux face aux risques majeurs
L’institut de Prévention et de Gestion des risques
Le Cyprès
Le Mémento du Maire et des Elus Locaux
Les Ecomaires

Les centres de recherche
Le BRGM (établissement public de référence dans le domaine des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol)
Le CEMAGREF
L’Institut des Risques Majeurs de Grenoble