Le gouvernement a finalement choisi un remaniement a minima, poste pour poste : seuls les deux ministres démissionnaires ont été remplacés, et aucun périmètre ministériel n’a été modifié.
À la suite de la démission surprise de Nicolas Hulot, le 28 août, le gouvernement a mis une semaine pour nommer son successeur. Bien des questions se sont posées pendant cette semaine, au-delà du nom du futur ministre : le gouvernement allait-il choisir de modifier le périmètre et les attributions du ministère ? Créer un nouveau super-ministère englobant, par exemple, l’agriculture, l’aménagement du territoire ou le logement ? Ou au contraire plusieurs ministères de plein exercice chargés de questions essentielles comme l’énergie ou la biodiversité ?
Finalement, le gouvernement a fait le choix de la continuité : l’organisation et l’intitulé du ministère resteront les mêmes.
C’est donc le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, 44 ans, qui a été nommé à l’hôtel de Roquelaure.
Contrairement à Nicolas Hulot, qui venait du monde associatif, François de Rugy est un bon connaisseur des questions liées aux collectivités locales, ayant été avant tout un élu local – spécialiste des transports : entre 2001 et 2008, il a été adjoint au maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, en charge des transports, et vice-président de Nantes Métropole, toujours aux transports. C’est lui, notamment, qui a piloté l’extension du tramway de Nantes, en faisant l’un des réseaux les plus denses du pays. Entre 2008 et 2014, François de Rugy a quitté la mairie de Nantes pour se consacrer à la présidence de la commission des mobilités de l’agglomération Nantes Métropole – tout en conservant une fonction de membre du conseil municipal de la commune d’Orvault (25 000 habitants).
François de Rugy a également été, de façon ininterrompue, député de la première circonscription de Loire-Atlantique depuis 2007. Il occupait la fonction de président de l’Assemblée nationale depuis le 27 juin 2017, après avoir été, de 2012 à 2016, président et co-président du groupe écologiste.
Le nucléaire, premier chantier du nouveau ministre
L’élu nantais s’est particulièrement engagé, en 2017, lors de la primaire de la gauche dont il était l’un des sept candidats (il obtiendra 3,88 % des voix), sur la question du nucléaire : il défendait alors une sortie totale de la France du nucléaire, avec un objectif de 100 % d’électricité renouvelable en 2050 (contre 50 % dans la loi de transition énergétique votée sous François Hollande). François de Rugy avait alors également prôné la végétalisation des villes, proposant d’instaurer une surface minimale d’espaces verts par habitant, avec pénalités financières à la clé, et la création d’une société de financement de la transition énergétique dotée de 100 milliards d’euros.
C’est précisément sur le sujet du nucléaire que François de Rugy va très rapidement avoir à faire des choix, au moment où se décide la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui doit être révisée à la fin de l’année et pour les cinq années à venir. Les arbitrages vont avoir lieu dès le mois prochain. Il va alors falloir trancher entre deux trajectoires totalement contradictoires, toutes deux défendues ces dernières semaines : ou bien aller vers la fermeture d’un certain nombre de centrales nucléaires pour atteindre l’objectif d’une réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français ; ou bien – comme l’a prôné le récent rapport d’une mission mandatée par le gouvernement – investir au contraire dans la construction de nouveaux réacteurs de nouvelle génération type EPR. Au-delà de l’aspect strictement écologique de la question, le problème de la fermeture de centrales est évidemment crucial pour les maires des communes concernées – la fermeture d’une centrale ayant un impact considérable en termes d’emplois et de perte de revenus pour les communes. Cette question va d’ailleurs faire l’objet d’une réunion, demain, au ministère de la Transition écologique et solidaire.
La nomination de François de Rugy au poste précédemment occupé par Nicolas Hulot va avoir pour conséquence une nouvelle élection au « perchoir », la présidence de l’Assemblée nationale. Le futur titulaire de cette fonction – quatrième plus haut poste de l’État – sera mécaniquement issu des rangs de la République en marche, qui bénéficie d’une majorité écrasante au Palais Bourbon. Ce matin, trois candidats se sont déclarés au sein du groupe LaREM : Le député du Finistère Richard Ferrand, actuel président du groupe majoritaire ; la députée des Yvelines Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois ; et la députée de l’Isère Cendra Motin.
F.L.
© sources : Maire Info (www.maire-info.com) – 05/09/2018