Grand âge et autonomie : l’AMF demande que le futur projet de loi s’appuie sur des « financements dédiés »

Le décès, dimanche, de cinq personnes âgées, possiblement victimes d’une intoxication alimentaire dans un Ehpad du sud de Toulouse, a remis la question du vieillissement et de la perte d’autonomie au cœur de l’actualité.
Attendue aujourd’hui dans l’établissement mis en cause, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a reçu, jeudi dernier, 175 propositions émanant du rapport (1) de Dominique Libault, président du Haut Conseil du financement de la protection sociale, sur la concertation nationale « Grand âge et autonomie » dans la perspective d’un futur projet de loi prévu pour la fin de l’année.
Alors qu’il préconise de créer un réseau de Maisons des aînés et des aidants sur l’ensemble du territoire et d’élaborer un plan national pour les métiers du grand âge, l’AMF salue, dans un communiqué publié hier, « le travail accompli » et « la densité des propositions » formulées par Dominique Libault qui « correspondent à ses attentes » et à certaines de ses « préconisations ».
Elle insiste, toutefois, pour que « les objectifs qui seront retenus par le gouvernement s’appuient sur des financements dédiés, et non sur les budgets communaux aujourd’hui plus que jamais contraints ».

Un possible « tournant pour la politique du grand âge et de la dépendance »
Espérant que ce rapport ne subisse pas « le même sort que les plans pauvreté ou Borloo », le président de la commission des Affaires sociales de l’association, Gaël Perdriau, estime d’ailleurs qu’il peut « représenter un tournant pour la politique du grand âge et de la dépendance », à la condition qu’il soit « suivi d’effets et mis correctement en œuvre ».
Redoutant que les communes soient, « une nouvelle fois […] obligées de pallier le désengagement de l’État », il demande donc que « les moyens [soient] au rendez-vous ». L’AMF rappelle, en effet, que communes et intercommunalités disposent déjà de « moyens très limités » et « ne peuvent faire face, seules, à la montée en puissance des demandes », bien qu’elles jouent un « rôle majeur » dans l’inclusion sociale des personnes âgées, l’accès aux droits, la coordination des acteurs ou encore le développement d’une offre de mobilité ou de logements adaptés. Elles gèrent également des services d’aides et d’accompagnement à domicile (SAAD) et des établissements avec ou sans hébergement, et nombre d’entre elles proposent des aides financières aux personnes âgées.

Revalorisation des métiers du grand âge
L’AMF appelle ainsi le gouvernement à « la revalorisation des métiers du grand âge et de leur rémunération », afin de répondre à la pénurie de professionnels, à « l’amélioration de l’accessibilité financière des établissements et des services d’aides à la personne » ainsi qu’à « une diminution du reste à charge, notamment pour les familles les plus modestes ». « Le futur projet de loi relatif au grand âge et au vieillissement, attendu pour la fin de l’année, devra donc être à la hauteur de ces enjeux, s’appuyer sur des financements dédiés et associer l’ensemble des acteurs en particulier les communes et intercommunalités », indique l’association.
A noter que les sénateurs se sont également saisis du sujet puisque la commission des Affaires sociales sénatoriale présentera, jeudi, les conclusions de son propre rapport sur « le financement de la prise en charge des personnes âgées dépendantes ». Dans la foulée, elle auditionnera Dominique Libault sur ses préconisations.

A.W.

(1) Télécharger le rapport sur la concertation « Grand âge et autonomie ».


© sources : Mairie Info (www.maire-info.com) – 02/04/2019