Le CAUE 83, Var Aménagement Développement, le Syndicat des Architectes du Var, l’Office du BTP du Var avec la Fédération du BTP du Var et l’Association des Maires du Var ont organisé le 16 Octobre dernier une conférence débat sur le thème de la production de logements de qualité dans le Var. Il s’agissait de débattre de sujets et problématiques contemporaines afin de structurer une culture et un discours communs par le biais d’actions et d’objectifs partagés et sensibiliser l’ensemble des acteurs de l’aménagement sur la nécessité de hausser la qualité du projet urbain (urbanisme, architecture, construction).
Produire des logements de qualité : propositions des acteurs publics et privés.
La construction de logement est devenue un problème majeur. La cherté du foncier pénalise les varois dans les pôles urbains créateurs d’emploi du littoral et entraîne un report de la demande vers l’arrière pays. Pour Philippe SANS, directeur du CAUE83, il est impératif de construire plus et de loger mieux, à la fois dans des espaces choisis et avec un impératif de développement durable. « Il nous faut construire autrement, favoriser une approche systématique de l’habitat pour créer des enveloppes bâties performantes en adéquation avec le site d’implantation et les données climatiques. Aujourd’hui, la mobilisation des techniques innovantes appliquées au bâti offrent une architecture écologique et responsable, assurant un confort optimal à ses usagers. L’objet de nos échanges, c’est sensibiliser à ces sujets tous les acteurs et pour structurer ensemble un discours commun sur la manière dont il faut envisager la construction de qualité dans notre département. »
Point de développement durable sans volonté politique forte. C’est en tout cas le crédo de Jean-Pierre VERAN, président de l’Association des Maires du Var et de l’Union Régionale des Maires PACA : « Le Var est un département attractif avec des réserves foncières limitées. Depuis plusieurs années, des efforts importants sont consentis pour produire des logements de qualité avec la collaboration des opérateurs publics et privés. Les premières assises du logement organisées par le Préfet ont permis de constater qu’un certain nombre de communes ne remplissaient pas leurs obligations en terme de logements sociaux. Ils ne le font pas exprès. Le foncier est excessif. Les recours en justice de certains administrés mécontents de se retrouver en mitoyenneté avec ces logements se multiplient. La mixité sociale a encore du mal à se forger une place homogène dans les centres-ville et dans les villages. Sans compter que les exigences de la loi ALUR ne sont pas favorables aux bailleurs. Pour toutes ces opérations, il faut que les élus fassent preuve de stratégie et de volonté politique. La stratégie, c’est quoi? C’est nouer des partenariats avec des opérateurs privés et c’est recourir à l’emprunt. La Poste et la Caisse des Dépôts seront nos partenaires. La volonté politique c’est quoi ? C’est appliquer la loi, c’est s’entourer de professionnels de la construction, de l’urbanisme, c’est consulter les professionnels du bâtiments, c’est parler un langage commun, c’est partager une vision du territoire. Un maire ne peut plus décider seul. Ca ne veut pas dire qu’il ne doit rien décider » .
En finir avec un urbanisme d’opportunité, donc. Voilà justement ce qu’ Olivier MATHIEU, conseiller au Conseil Régional de l’Ordre des Architectes PACA, membre du bureau du Syndicat des architectes 83 semble attendre des élus. Selon lui, « Il est indispensable que les élus exigent d’abord la qualité, comme gage et comme vertu. Aujourd’hui, le bien-être est dépassé par la règle, par la norme, au détriment de la qualité la plus rudimentaire. Il faut quand même savoir que les cloisons d’un logement sur deux que l’on construit en conformité avec les normes d’accessibilité PMR sont détruites par l’occupant pour des problèmes de fonctionnalité. On a donc un réel souci avec les normes et il faut que les politiques arrivent absolument à prendre de la hauteur sur cette notion, absolument primordiale, de qualité. Ca veut dire reconsidérer les cahiers des charges, le coût des constructions, la rémunération des architectes. La qualité a un prix. Il faut savoir l’exiger pour ses administrés. »
Sentiment partagé par Joseph ANTONINI, responsable de la mission urbanisme du Conseil général du Var, qui a rappelé la place de choix que tenait le Département en tant que Maître d’ouvrage en terme de mobilité, de routes, de collèges. « Nous participons de plus en plus à des réflexions en amont des projets à bâtir. La SPL que nous avons développé, ID 83, n’a pas vocation à remplacer les sociétés privées qui apportent une plus-value incontestable aux collectivités publiques dans le cadre de la maîtrise d’œuvre et du génie civil. Elle est là pour ajuster l’offre à la demande et pour déployer une ingénierie susceptible d’apporter une garantie qualitative collégiale ».
Cette garantie de qualité est également partagée par un autre acteur incontournable de l’aménagement durable, la société d’économie mixte Var Aménagement Développement. Sa présidente, Hélène AUDIBERT, est également Présidente de la commission Habitat et Logement du Conseil général du Var. Autant dire que toutes les problématiques liées à la construction durable ne sauraient lui échapper. » La qualité du bâtiment final se mesure à tous les niveaux : qualité du projet qualité de l’architecte, qualité du maître d’oeuvre, qualité du terrain etc… Ces exigences doivent être toutes prises en compte. Dans les opérations que nous avons mené à Toulon et à Hyères, la qualité et le durable constituent les fondements de notre gouvernance. Pour développer ces projets, il ne faut pas hésiter à se rapprocher des investisseurs privés. C’est même l’avenir de l’investissement ».
Un certain nombre de freins demeurent. Pour Jean BECCARIA, Président de l’Union des Constructeurs Immobiliers Var et PACA, « il conviendrait surtout de faire un effort fiscal au niveau des plus-values des terrains, maîtriser l’offre dans les zones d’aménagement différées qui permettent aux collectivités d’activer un droit de préemption sur toutes les ventes et cessions à titre onéreux de biens immobiliers ou de droits sociaux. »
Quant à Philippe DONAT, Président de la Fédération du BTP du Var, il reste convaincu que la construction low-cost, vite fait bien fait est la cause de biens des maux dans son secteur d’activité : « Le bel ouvrage, ça a un prix. La concurrence féroce ou déloyale des constructions low-cost nuit à la qualité des constructions et à la durabilité des matériaux utilisés. Les fournisseurs ne perdent pas d’argent. Deux mille salariés ont perdu leur emploi ces dernières années. Ce manque a été compensé par une main-d’oeuvre low-cost utilisée en dépit de toutes les règles. La qualité des bâtiments s’en ressent forcément. »
Finalement, un logement de qualité c’est quoi ? C’est un logement qui s’intègre avec harmonie dans un quartier en se démarquant par son architecture, conçu pour privilégier le bien-être de ses occupants, leur faciliter la vie quotidienne, et préserver, autant que cela est possible, la qualité de l’environnement extérieur.
Des exemples comme cela, bien heureusement, le Var en héberge un certain nombre, comme l’Eco Hameau des Combes à Ramatuelle ou la Résidence la Belladone à Hyères, qui ont été présentés à l’assistance en toute fin de réunion.
Des réalisations à découvrir sur place, à l’échelle 1 sur 1.