Infranum et l’Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel (Avicca) dévoilaient, hier à l’institut Pasteur à Paris, l’Observatoire du Très haut débit 2019, en ouverture du colloque printanier de l’association. La fédération des entreprises partenaires des territoires connectés, à l’origine de cet Observatoire indépendant de celui de l’Arcep, table sur un raccordement de 83 % des locaux au Ftth en 2022. « La filière est au rendez-vous », promet Pierre-Michel Attali, vice-président d’Infranum. 2,6 millions de prises ont été construites en 2017, 3,2 millions en 2018 (1 million sur le seul quatrième trimestre). Le rythme devrait encore s’intensifier ces prochains mois : au moins 4 millions de prises sont attendues chaque année jusqu’en 2022 : 4,5 millions pour l’année 2020.
Toutefois, il n’y aura, sans surprise, « pas de très haut débit pour tous en 2022 sans mix technologique » : THD radio et satellite sont nécessaires pour 2,2 millions de locaux et THD via le réseau cuivre pour 4,2 millions de locaux. Au total, 6,4 millions de prises Ftth seront donc à construire après 2022. Près de la moitié d’entre elles – environ 3 millions – ne sont toujours pas financées.
3 millions de prises ne sont pas financées
Infranum et l’Avicca ont fait les comptes : le besoin de financement en fonds publics pour ces trois millions de prises est estimé à 2,6 milliards d’euros avec une part de financement de l’État de 800 millions d’euros. Une addition moins salée que prévu pour l’État : en juillet 2017, Jacques Mézard tablait plutôt sur un financement de 1,3 à 1,5 milliard d’euros. « Au regard de ces derniers éléments, la réouverture du guichet (le Fonds pour une société numérique) n’est plus une question de montant à définir, mais bien une question de volonté », a lancé Patrick Chaize, président de l’Avicca et sénateur de l’Ain. Destiné à financer des réseaux d’initiative publique (Rip), ce guichet, prévu par le plan France Très Haut Débit de 2013, avait été « suspendu » par le gouvernement en décembre 2017 concomitamment au lancement des procédures Amel (Appels à manifestation d’engagements locaux).
Fin des Amel le 15 juin
Ces Amel, qui « prévoient l’intervention encadrée des opérateurs privés dans les zones RIP » et dont la mission est de faire financer le reste à charge des RIP des zones rurales par des « fonds additionnels privés », « sont un succès (le déploiement d’1 à 1,5 millions de prises est prévu dans ce cadre-là) », a répété Julien Denormandie. Le ministre chargé de la Ville et du Logement concédant toutefois que l’avancée de ces dossiers n’avait « pas été assez rapide ».
« Il faudra 18 mois pour que le gouvernement accepte les trois premiers dossiers, et encore, nous n’avons pas vu la couleur d’un arrêté en ce sens, s’est agacé Patrick Chaize. Comment parler dans ce contexte d’accélération ? »
Julien Denormandie était donc attendu sur le calendrier. Il a promis que les « Amel seraient clôturées le 15 juin ». Désormais, la question de la réouverture du guichet est sur la table : elle sera tranchée au moment du débat sur le projet de loi de finances 2020 à la fin de l’année. « À l’heure où le sentiment de déclassement se fait entendre dans les territoires ruraux, ne pas faire ce geste pour les collectivités locales alors qu’il a été fait rapidement et massivement pour les opérateurs privés donnera raison aux détracteurs du gouvernement sur ce sujet emblématique du numérique », a averti Patrick Chaize.
© sources : Mairie Info (www.maire-info.com) – 22/05/2019